C’est une série de « leaks » sortie il y a plusieurs années qui ressurgit. Et pour cause, presqu’un an jour pour jour après le début de la crise du Golfe, Al Jazeera s’est replongé dans les câbles révélés par WikiLeaks. Parmi ceux-ci, écrit The Independent, il est est un qui a particulièrement marqué les esprits… Nous sommes alors en pleine guerre en Afghanistan. Le prince héritier des Emirats arabes unis demande aux Etats-Unis de bombarder le quartier général d’Al Jazeera. La conversation date de 2003 et, selon Mohammed bin Zayed al Nahyan (MBZ), son père avait alors exhorté le commandant du général américain Tommy Franks de frapper le siège de la chaîne du Qatar. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : à la mort de son père, en 2004, le prince héritier des EAU a également tenté d’inciter les Américains à faire pression sur les Qataris pour qu’ils « réfrènent Al Jazeera. »

Cette série de câbles permet également de se rendre compte de la détérioration des relations entre le Qatar et ses voisins arabes, jusqu’à la crise qui secoue le Golfe depuis près d’un an. Parmi les conditions posées sur la table pour un rétablissement des relations diplomatiques avec le Qatar, celle de la fermeture d’Al Jazeera. La chaîne du Qatar a réagi dans un article dans lequel elle raconte la défiance des Emirats vis-à-vis du média. En 2009, raconte le journaliste qatarien, MBZ devenait de plus en plus méfiant envers Al Jazeera et le Qatar. Pour preuve, des conversations avec Richard Olsen, l’ambassadeur des Etats-Unis aux EAU. Lors d’une réunion, le prince héritier émirati aurait demandé à ses interlocuteurs d’arrêter de prendre des notes et de garder ses remarques secrètes.

Selon les câbles en question, MBZ a révélé que ses problèmes avec Al Jazeera étaient… personnels. Le leader émirati estimait que la chaîne du Qatar avait un impact négatif sur sa famille. Un document de 2004 indique que le fils de MBZ avait « exprimé des opinions anti-Occident » et que cela devait être « la conséquence d’avoir trop regardé Al Jazeera. » Pour MBZ, si Al Jazeera « peut influencer le petit-fils d’un chef modéré comme Cheikh Zayed de cette façon, imaginez ce qu’il peut faire sur les classes non instruites ou inférieures. » Pas étonnant donc que la fermeture de la chaîne soit l’une des priorités pour les Emirats arabes unis, partie prenante du conflit avec le Qatar.