Le jeune ministre de l’Education, Edgar Mora, dont le départ était réclamé en préalable à toute négociation par les chauffeurs routiers qui bloquaient des routes stratégiques, a démissionné lundi.

Mais cela n’a pas suffi à faire lever les barrages: la police a dû intervenir mardi, essuyant des jets de pierres et de cocktails Molotov, dans des scènes inhabituelles pour un pays dont la placidité des habitants est réputée.

Des travailleurs hospitaliers se sont joints au mouvement de protestation et l’un des principaux syndicats du secteur de la santé a lancé un appel à manifester jeudi.

« Le secteur syndical (qui) est affaibli par sa défaite contre la réforme fiscale trouve un allié dans les partis évangéliques qui sont en opposition frontale avec le gouvernement depuis les élections » de l’an dernier, a expliqué à l’AFP l’analyste politique Jorge Vega. En avril 2018, le candidat des évangéliques, un pasteur, avait dû s’incliner au second tour devant l’actuel chef de l’Etat.

De nombreux chrétiens évangéliques conservateurs siègent toutefois au Parlement.

La mise en oeuvre de la TVA de 13% pour les services au 1er juillet, ainsi que des accusations contre le ministre de l’Education de vouloir favoriser la communauté homosexuelle et transgenre, ont mis le feu aux poudres. Les camionneurs ont adopté un cahier de revendications de 18 points, dont la « défense des valeurs chrétiennes », prenant ainsi fait et cause pour les protestataires du secteur de l’éducation.

En pleine tourmente, le président Carlos Alvarado joue la carte du dialogue, y compris avec les Eglises catholique et évangélique, tout en haussant le ton contre les blocages de routes.

Le transport routier est en effet stratégique pour la circulation des marchandises. Les milieux d’affaires assurent que chaque jour de blocage de routes menant au principal port du pays, sur la côte caraïbe, inflige une perte de 10 millions de dollars en exportation, notamment de produits agroalimentaires.