Un reportage montre le racisme de certains supporters lillois, dans la tribune DVE. Le LOSC, au courant de la situation, semble ne pas vouloir agir.
Le message publié ce jeudi sur les réseaux sociaux du LOSC, le club de football de Lille, est clair et limpide : « Le LOSC lutte contre le racisme et l’antisémitisme » et invite les victimes et les témoins d’actes racistes à signaler ces derniers.
La très controversée LICRA a mis en place un formulaire de signalement spécialement consacré au football, en partenariat avec la Ligue de football professionnel.
« Pas noir, pas blanc, il est mitigé »
Le tweet du LOSC ne doit rien au hasard. Depuis ce mercredi, le club doit gérer un bad buzz sur les réseaux sociaux après la diffusion d’un reportage du JT de France 2. Dans celui-ci, on y voit des supporters — « une minorité », précise la voix off — du kop des DVE (Dogues virage est) proférer des propos racistes et antisémites.
Le club a réagi en indiquant que « le discours de ces individus est à l’extrême opposé des valeurs, des engagements et des actions du LOSC et de ses supporters ». Le stade Pierre Mauroy, l’enceinte du LOSC, poursuit le club, « demeure un stade à l’ambiance conviviale, familiale et sûre ».
Des actes récurrents
Problème : ce n’est pas la première fois que le racisme dans cette tribune est dénoncé et rien ne semble avoir été fait pour nettoyer le stade Pierre Mauroy de ces individus. Lors du derby contre Lens la saison dernière, pourtant, la polémique avait fait rage : un salut nazi avait été fait dans le parcage du stade Bollaert. Des photos avaient montré la présence de hooligans belges, venus de Bruges, et d’identitaire lillois.
En cause : la LOSC Army. Si TF1 voit dans ce groupe « la face sombre du hooliganisme lillois », c’est surtout le nazisme que le gangrène. Les saluts nazis et violences racistes sont en effet légion au sein de la LOSC Army. L’un de ses anciens membres est d’ailleurs bien connu depuis la diffusion d’un reportage d’Al Jazeera sur l’extrême droite lilloise : Aurélien Verhassel, qui fait polémique avec son bar fasciste en plein cœur de la ville. Tout pourrait aller bien à Lille si les groupes de supporters se désolidarisaient de la LOSC Army.
Le problème de la LOSC Army
Or, c’est loin d’être le cas. En 2020, Street Press révélait d’ailleurs que les DVE assumaient, selon les propres mots de leurs dirigeants, « une connexion énorme » avec la LOSC Army. Pas étonnant donc de voir Yohan Mutte, dans la tribune lilloise à Lens, avec les DVE. Ce néo-nazi, principal suspect dans l’affaire du meurtre de la Deûle, est connu pour ses idées identitaires et son appartenance, dans le passé, à la LOSC Army.
Et si les DVE ne font rien, quid du club ? On n’entend pas parler d’interdictions de stade ou d’arrestations. Pire, le LOSC a quasiment passé sous silence les faits du Lens-Lille de la honte. Un travail avec les autorités devrait permettre de faire un joli ménage au sein des tribunes. En 2009 déjà, Nicolas Thieullet, coordinateur départemental de la lutte contre le hooliganisme indiquait que, au sein des DVE, « le problème, ce sont ces quelques ‘énergumènes’ qui viennent les gangrener. Certains sont d’extrême droite. ». Cette année-là, deux supporters avaient été arrêtés pour exhibition de signes nazis, l’un d’eux portait une croix gammée en tatouage. Autant dire que, s’il fallait endiguer le phénomène, après tant d’années, des actes forts auraient pu être faits.