« Il y a un Etat qui a mis des frontières en place et qui n’en gère absolument pas les conséquences. » En une déclaration, Cédric Herrou a parfaitement résumé le ridicule de la situation. Jugé pour avoir aidé des migrants à proximité de la frontière franco-italienne, l’agriculteur de 37 ans ne regrette pas son geste. « Je le fais parce qu’il faut le faire », a-t-il dit pour justifier sa participation active à l’installation, en octobre dernier d’une cinquantaine de réfugiés érythréens dans un centre de vacances SNCF désaffecté. Lors de son procès, le procureur a requis huit mois de prison avec sursis. Mais Cédric Herrou n’en démord pas : « Je le fais parce qu’il y a des gens qui ont un problème. Il y a des gens qui sont morts sur l’autoroute, il y a des familles qui souffrent », explique l’homme qui affirme avoir réalisé un acte « politique. »

Aider les migrants ? Un « honneur » !

Pour cet acte, il risque donc de la prison avec sursis. Au pays des droits de l’Homme, ce jugement ferait tache. Les soutiens à l’agriculteurs ont d’ailleurs été nombreux — près de trois-cents — à manifester devant le palais de justice de Nice pour dénoncer ce procès. En attendant, après avoir transporté des réfugiés — la justice n’avait pas décidé de le poursuivre pour ces faits —, l’accueil de migrants continue chez Cédric Herrou, qui a affirmé au juge avoir « une trentaine de mineurs hébergés à Saorge chez des particuliers » et avoir lui-même « trois mineurs hébergés chez lui, et des majeurs aussi. » Et le réquisitoire n’y changera rien. « Même si vous me condamnez, le problème continuera », indique l’agriculteur, qui estime que ce qu’il fait « n’est pas un sacrifice », mais « un honneur. »