La polémique autour des prières de rue à Clichy est loin d’être finie. Après la manifestation des élus le 10 novembre qui avait dégénéré, l’union des associations musulmanes de Clichy-la-Garenne (UAMC) a décidé d’organiser sa défense. 

L’UAMC a porté plainte contre X pour «violences à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion déterminée, par personne dépositaire de l’autorité publique…» Mais aussi pour «participation à un groupement formé en vue de la préparation d’un acte de violences» et pour «manifestation illicite». L’association accuse le maire d’avoir donné l’ordre «de bousculer les fidèles musulmans».

En effet, une vidéo publiée par le site Buzz Feed News, montre qu’un responsable de la police municipale a demandé à ses agents d’avancer sur ordre de l’élu. 

On peut y entendre le responsable de la police municipale dire : « On avance. Allez, avancez s’il-vous plaît »puis demander au maire de Clichy : « On avance ou pas ? On pousse ? Qu’est-ce qu’on fait? ». Des questions auxquels Rémi Muzeau aurait répondu positivement. Ainsi, les fidèles musulmans ont été poussés jusqu’à une palissade.

« Si les gendarmes n’étaient pas intervenus, des personnes auraient fini écrasées contre les murs »

C’est finalement l’intervention de la gendarmerie qui mettra fin aux bousculades, aux cris et aux protestations des fidèles et des élus. Selon un journaliste d’Europe 1 présent sur place, ce sont bien les élus qui sont allés bousculer les fidèles. 

«Il est patent que les élus qui manifestaient contre la prière de rue, en cela assistés par les officiers de police municipale, ont commis des actes de violence à l’encontre des personnes de confession musulmane, avec pour unique raison leur appartenance vraie ou supposée à cette religion», est-il écrit dans la plainte déposée par l’association. «Si les gendarmes n’étaient pas intervenus, des personnes auraient fini écrasées contre les murs», a déclaré l’avocat de l’association, Ariel Alimi. 

Mais l’UAMC porte également plainte pour «diffamation publique commise envers un particulier à raison de son origine ou de son appartenance à une religion déterminée» et «incitation à la haine raciale». Dans plusieurs interviews, notamment en novembre dernier sur la chaîne LCI, le maire avait déclaré que des prêches en arabe et avec des appels au meurtre étaient prononcés par l’imam de la mosquée dans sa ville. 

Il avait également évoqué des tracts antisémites distribués lors des prières. En réalité, ces tracts étaient islamophobes, comme l’a révélé par la suite Libération dans un article. 

«L’ensemble des termes utilisés par le maire de Clichy participe à la stigmatisation de la population musulmane, sans aucune nuance ni réserve, et porte bien évidemment atteinte à l’honneur et à la considération de l’association UAMC, ainsi qu’à l’ensemble des personnes de confession musulmane », s’est exprimé à ce sujet l’union des associations musulmanes.

Par ailleurs, l’UAMC continue de chercher un site pour aménager une mosquée. Elle refuse toujours la proposition de la mairie, à savoir le regroupement de tous les croyants de Clichy dans la mosquée des Trois-Pavillons, de 2 000 m2 selon le maire. Mais d’après les baux, elle ne serait en réalité que de 368 m2. Pour l’UAMC les locaux promis sont bien trop excentrés et trop petits pour accueillir tous les fidèles.