Imbroglio à la mosquée de Clermont-Ferrand. Suite à la mort de l’imam et président de l’association qui gère le lieu de culte il y a trois mois, le secrétaire général a tenté d’imposer un nouveau président. Mais une partie des fidèles a fait annuler la nomination. Que veulent ces fidèles ? Mohamed Messoussa est l’un d’eux, il est également membre du bureau de l’association. Il répond à nos questions.

LeMuslimPost : Qu’attendent les fidèles de la mosquée de Clermont-Ferrand ?

Mohamed Messoussa : Après le décès de l’ancien président en octobre 2017, les fidèles espèrent un nouveau départ et une redistribution des cartes pour sortir la mosquée de la grave crise qu’elle traverse. C’est sans compter sur l’immobilisme des responsables de la mosquée de Clermont qui tentent de se maintenir au pouvoir coûte que coûte par cooptation. A la mi-janvier, ils ont annoncé la tenue d’une assemblée générale extraordinaire avec pour ordre du jour « Accueil et nomination du nouveau président ». Président dont le nom n’a au préalable été dévoilé à personne ! D’autant que certains membres de l’association n’ont pas reçu de convocation. Pour de nombreux fidèles, c’en est trop. Déjà excédés par l’opacité et l’autocratie du secrétaire général Karim Djermani, ils s’étaient donnés le mot pour assister en masse à cette réunion. Ils la voulaient ouverte à tous les fidèles, et pas seulement aux membres titulaires, dont ils contestent la liste établie par les dirigeants. Face à la fronde, les responsables de l’association ont annoncé le report sine die de l’assemblée générale.

« Rien n’est transparent dans la gestion »

Que reprochez-vous à la gestion actuelle par l’association ?

Le malaise est profond. De nombreux musulmans auvergnats n’en peuvent plus de la gestion de la mosquée. Il y a d’abord une crise de confiance. Visé par une enquête judiciaire concernant son rôle à la mosquée, Karim Djermani est actuellement mis en examen pour « abus de confiance » et « faux et usage de faux », de même que le trésorier-adjoint. Karim Djermani refuse aux membres de l’association l’accès aux comptes de la SCI Kawthar, société propriétaire des murs de la mosquée et qui appartient en théorie à la mosquée. D’autant que Karim Djermani transfère l’argent de la mosquée vers la SCI comme bon lui semble sans en référer à l’assemblée générale de l’association de la mosquée. Rien n’est transparent dans cette gestion. C’est une privatisation de fait. Bien évidemment, si les bâtisseurs bénévoles de la mosquée avaient su que leur travail et leur argent serviraient des intérêts personnels, ils n’auraient jamais mis les pieds sur le chantier de construction. Et malgré les sérieux soupçons et les éléments qui l’accablent, Karim Djermani continue de faire la sourde oreille et à s’accrocher au pouvoir. Lui qui avait annoncé son intention de démissionner en mai 2017 continue de diriger les réunions du Conseil d’administration.

« Une véritable crise de la représentativité des dirigeants de la mosquée »

Il n’y a, aujourd’hui, plus aucune confiance de la part des fidèles envers leurs dirigeants ?

Certains fidèles sont consternés de le voir encore donner des sermons avant la prière du vendredi. « Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. » Plus qu’une crise de confiance, il y a une véritable crise de la représentativité des dirigeants de la mosquée. Ceux-ci restent sourds aux appels à la transparence et à la démocratie dans le fonctionnement de l’association. Ils ont laissé la situation s’envenimer pendant plusieurs années jusqu’à l’explosion. En effet, il n’y a pas eu d’Assemblée générale pendant 3 ans, entre novembre 2013 et mai 2017. Et à la dernière assemblée générale de mai 2017, Karim Djermani a cherché à esquiver les sujets brulants. Des membres titulaires qui dérangent ne furent d’ailleurs même pas convoqués. Bref, une mascarade, pour de nombreux fidèles. Muselés, ceux-ci tentent de se faire entendre par tous les canaux possibles. Le divorce est bel et bien consommé entre les dirigeants et les fidèles.