L’universitaire chinois Ilham Tohti, emprisonné à vie en 2014, a reçu le prix Martin Ennals pour la défense des droits de sa communauté, la minorité musulmane ouïgoure, opprimée par le gouvernement chinois.

Surnommé le « Nobel des droits de l’Homme », le prix Martin Ennals honore chaque année depuis 1993 les personnes qui font preuve d’un « courage exceptionnel » pour défendre et promouvoir les droits de l’Homme. Composé de dix ONG spécialisées, dont Amnesty International, Human Rights Watch, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) ou encore, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le jury international a désigné cette année Ilham Tohti, un intellectuel et universitaire chinois, issu de la minorité musulmane ouïgoure.

A 46 ans, Ilham Tohti, connu comme le « Nelson Mandela chinois », est récompensé pour « avoir mis la lumière sur les politiques chinoises répressives et les injustices subies par le peuple ouïgour« . Accusé d’encourager le séparatisme et la violence, Tohti avait été jugé de manière expéditive par un tribunal d’Urumqi, la capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Il a été condamné à l’emprisonnement à vie, peine qu’il purge depuis le 23 septembre 2014. « Il a cherché à réconcilier les peuples Han et Ouïgour en mettant à jour la répression chinoise et les revendications ouïgoures », expose le communiqué officiel du jury.

Le « Nelson Mandela chinois »

Le président néerlandais de la Fondation Martin Ennals, Dick Oosting, a confié au quotidien britannique The Guardian « qu’en réduisant au silence la voix modérée d’Ilham Tohti, le gouvernement chinois prépare en fait le terrain à l’extrémisme qu’il dit vouloir combattre ». Si les autorités officielles ont passé, sans surprise, l’information sous silence, les activistes chinois des droits de l’Homme applaudissent cette reconnaissance. L’un d’eux, Hu Jia, estime que la seule nomination du professeur Tohti pour ce prix international a mis « une pression énorme sur le gouvernement chinois ». « Chaque prix est très utile pour aider les prisonniers politiques chinois et les défenseurs des droits de l’Homme », a renchéri Teng Biao, un avocat et ami de Tohti, lui-même contraint à l’exil.

Ancien professeur de droit constitutionnel et de commerce international à l’Université Minzu de Pékin, Ilham Tohti a placé la défense de sa communauté opprimée en tête de ses priorités, malgré les risques de rétorsion effectivement encourus. Il avait notamment lancé, en 2006, un site web bilingue – uyghurbiz.net, rendu inaccessible par la censure chinoise – qu’il voulait comme un forum de discussions sur les problèmes socio-économiques auxquels est régulièrement confrontée la minorité ouïgoure. « Mon père n’a utilisé qu’une seule arme dans son combat pour les droits fondamentaux des Ouïgour du Xinjiang : les mots », a commenté sa fille.

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