Des experts et des organisations de défense des droits de l’Homme accusent Pékin d’avoir interné jusqu’à un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure, dans cette région en proie par le passé à des attentats attribués à des indépendantistes ou à des islamistes.

Pékin dément ce chiffre et affirme que les camps sont des centres de formation professionnelle destinés à lutter contre la radicalisation.

Interrogé lors d’une conférence de presse, le vice-président de la région, Alken Tuniaz, un Ouïghour, a assuré que « la plupart des personnes qui ont reçu une formation sont déjà rentrées » à la maison.

« La plupart ont achevé leurs études et décroché un emploi », a-t-il dit, se félicitant de « l’efficacité » des centres.

Le président de région, Shohrat Zakir, Ouïghour également, a précisé pour sa part que les centres enseignaient trois choses: le droit, le chinois et « le vrai sens de la religion ».

D’anciens détenus ont affirmé avoir été internés pour des motifs comme le port d’un voile ou d’une barbe trop longue.

Un homme d’affaires kazakh, qui a passé près de deux mois dans un camp, a affirmé à l’AFP que ces établissements avaient pour seul but d’éradiquer la croyance religieuse de leurs pensionnaires. Ces derniers sont forcés de manger du porc et de chanter chaque matin des chants patriotiques, a-t-il rapporté.

Les deux responsables régionaux se sont félicités des progrès économiques du Xinjiang sous le régime communiste.

Mais ces progrès ont été réalisés à coups de subventions colossales. Selon M. Zakir, le gouvernement central a transféré pas moins de 1.610 milliards de yuans (210 milliards d’euros) à la région entre 2012 et 2018. L’an dernier, Pékin a couvert 60% des dépenses du gouvernement régional.

« La Chine fait étalage d’une réussite économique afin de dissimuler la discrimination, l’assimilation et les persécutions extrêmes dont les Ouïghours font l’objet », a accusé dans un communiqué Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation basée en Allemagne.