A l’image du processus de sa désignation, les dernières déclarations de l’ancien ministre portent à controverse. Catapulté à la tête de la Fondation pour l’islam de France suite à un accord à visée purement électoraliste avec le président Hollande, Jean-Pierre Chevènement, le héraut des nobles valeurs républicaines, enchaîne les commentaires sinon malheureux, du moins maladroits. Hier, il a de nouveau interpellé la communauté musulmane, en incitant les plus conservateurs d’entre eux à fournir un effort supplémentaire pour s’intégrer.

Peu de temps après sa nomination cet été, l’homme politique de 77 ans avait créé la polémique en tweetant que les Musulmans devraient « être discrets, comme tout le monde ». Et ce, en pleine polémique sur la question du « burkini » et de son interdiction par plusieurs communes côtières de France. Lundi, s’adressant à un groupe de correspondants étrangers, il a affirmé qu’il trouvait « de très mauvais goût » le fait que « des femmes en burkini se baignent, deux semaines après l’attentat de Nice, à 20 ou 30 kilomètres de là » où 86 personnes ont été tuées par un chauffard fou sur la Promenade des anglais, le 14 juillet dernier. « Forcément, ça allait causer de la surprise, de la consternation et de l’inconfort dans le reste de la population », argumente l’ancien maire de Belfort. « Par amitié pour mes compatriotes d’origine musulmane, je leur demande de faire un petit effort pour s’adapter aux coutumes du pays qui les accueille ».

Se baigner en burkini deux semaines après Nice, « de très mauvais goût »

Comment cet érudit ne tique-t-il pas à la contradiction nichée au coeur de sa question ? Comment demander à des « compatriotes » de s’intégrer à la société « qui les accueille » ? Si l’on ne connaissait l’homme, ses combats et ses positions, on aurait du mal à croire que de tels propos, qui entérine de facto l’existence de deux catégories de Français, puisse émaner de lui… Néanmoins, le président de la Fondation pour l’islam de France a réitéré son opposition à des restrictions sur le port de vêtements religieux dans les lieux publics.

Revenant sur la définition originelle de la laïcité, Jean-Pierre Chevènement a ajouté que les règles strictes de séparation de la religion des affaires publiques en France ne sont pas « contre la religion ». A quelques jours de la commémoration du premier anniversaire des attentats de Paris du 13 novembre 2015, L’ancien ministre de la Défense, de l’Intérieur et de l’Education a tenu à souligner les difficultés rencontrées par les jeunes issus de la communauté musulmane dans leur recherche d’emploi notamment – vecteur « d’intégration ». Leur plus gros problème, c’est le chômage, avance-t-il, et le « sentiment que le CV d’un Ali aura moins de chance d’être retenu que celui de Paul ou Pierre », même si des efforts ont été déployés par les entreprises pour assurer davantage de diversité en leur sein. « Honnêtement, je pense que nous ne devrions pas toujours pointer du doigt la société hôte ».

 

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