On peut très bien, comme le 11 janvier dernier, faire la cour à l’islamophobe Zineb El Rhazoui autour d’un « thé laïque » et, deux semaines plus tard, dire aux responsables du culte musulman que l’on souhaite avec eux « un dialogue large et constant. » C’est ce qu’on appelle la diplomatie. Invité mercredi à présenter ses vœux au CFCM, Christophe Castaner s’est voulu rassurant : « Prier Allah et aimer la République ne sont pas incompatibles », a-t-il osé. Comme si l’on pouvait encore en douter.


Le ministre de l’Intérieur n’a pas été tendre lors de cet événement, lorsqu’il a affirmé que la situation actuelle de l’« Islam de France » n’était « pas suffisante. » Le ministre de l’Intérieur a expliqué « avoir besoin de représentants (du culte musulman) puissants » et qu’il ne fallait « pas faire l’autruche. » Il reprend ainsi le flambeau de son prédécesseur, Gérard Collomb, qui avait fustigé l’inaction du CFCM lors d’un dîner organisé à l’occasion du ramadan.

C’est un peu cela, les relations entre le CFCM et le place Beauvau : je t’aime, moi non plus. Ahmet Ogras, le président de l’organisation musulmane, a tenu à prévenir : « Certains prédisaient la mort du CFCM. Je les rassure si besoin est, le CFCM est non seulement vivant mais continuera d’œuvrer encore plus efficacement pour servir les musulmans. » Le patron du Conseil français du culte musulman est déterminé à mener à bien sa réforme et à rendre plus représentative une institution qui a, ces dernières années, été marquée par l’immobilisme.

Mais le temps presse : les élections au sein du CFCM approchent et, s’il se félicite « d’une reconnaissance précieuse de l’Etat quant à la qualité d’interlocuteur institutionnel de notre CFCM », Ahmet Ogras manque toujours de soutien : le ministre de l’Intérieur, en ne s’opposant pas à l’AMIF de Hakim El Karoui a en quelque sorte adoubé l’initiative de l’ex-banquier d’affaires. Le CFCM doit également faire face à l’initiative de Marwan Muhammad, qui vient d’annoncer un projet d’« Assemblée des imams ».