Un sur quatre. Les catholiques qui se laissent tenter par un vote Front National sont de plus en plus nombreux. Le quotidien La Croix s’étonne de ce choix, même s’il ne veut pas porter de jugement sur sa communauté religieuse.

Entre l’élection présidentielle et les législatives, les catholiques français se sont peu à peu dirigés vers la droite la plus extrême. Alors qu’ils n’étaient que 4 % à affirmer avoir voté pour Marine Le Pen en 2012, ils étaient, il y a dix mois, 24 % à glisser un bulletin du Front National dans les urnes. La Croix, journal catholique, fondé par la congrégation des assomptionnistes il y a plus d’un siècle, s’interroge sur ce phénomène. Guillaume Goubert, le patron du quotidien, a décidé d’envoyer en octobre à ses 74 000 abonnés la revue jésuite Projet, qui sera consacrée au parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Cent pages qui contiendront des reportages et des analyses, ainsi que des clés permettant de comprendre ce qu’est l’extrême droite.

Certains évêques sont devenus politisés

Un acte militant ? Non, selon Guillaume Goubert, pour qui « il n’est pas question de partir en croisade contre le FN. » Le patron du titre chrétien veut juste apporter quelques pistes de réflexion avant le prochain scrutin présidentiel, en mai 2017. « Ces scores créent pour nous l’obligation de donner de la matière à nos lecteurs pour réfléchir avant l’élection », assure-t-il. Dans ce numéro de Projet, on cherche « à comprendre plutôt que de dénoncer », résume le rédacteur en chef de la petite revue, qui avoue ne pas comprendre « pourquoi le phénomène touche aujourd’hui autant de chrétiens. » Pour Jean Merckaert, il est juste dommage que certains électeurs catholiques votent FN « pour essayer », « comme si finalement ce vote était à prendre à la légère. » Il a donc voulu « redonner un peu de gravité à ce moment. »

Mais pas question pour autant de « condamner qui que ce soit. » Non, le patron de Projet préfère « rouvrir un dialogue » et reprendre, avec les lecteurs, « les valeurs que nous avons en commun, la foi que nous partageons, ces mots de Jésus qui nous dit ‘J’étais étranger et vous m’avez accueilli’. » Alors qu’il pense que le désespoir guide les électeurs FN, Jean Merckaert veut remettre l’espérance dans la tête des catholiques. « L’espérance est la pointe de la foi chrétienne, dit-il. Même dans les circonstances les plus extrêmes, les chrétiens continuent d’espérer. » Avant de rappeler que le Front National « n’est pas compatible avec l’Evangile » et de dénoncer les discours de certains évêques un peu trop « décomplexés », qui « ont investi l’arène politique. »

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