« Nous exhortons le chef du gouvernement (le socialiste Pedro Sanchez) à fixer aujourd’hui même un jour et une heure pour nous asseoir à une table de négociation sans conditions. (…) C’est sa responsabilité et son obligation », a déclaré le président régional Quim Torra dans une allocution solennelle après cinq jours de violences.

En exigeant des négociations « sans conditions », Quim Torra veut que la question d’un référendum d’autodétermination, dont Madrid ne veut pas entendre parler, puisse être abordée.

« Cela fait longtemps que nous demandons ce processus de négociation pour une résolution politique d’un conflit politique. Aujourd’hui, c’est plus urgent que jamais », a-t-il ajouté.

Dans une déclaration, le gouvernement espagnol lui a opposé une fin de non recevoir et lui a réclamé de « condamner fermement la violence (…), ce qu’il n’a pas fait jusqu’à présent », et « d’exprimer sa solidarité avec les policiers blessés ».

Madrid a également souligné que pour que le « dialogue soit effectif », il faut que « M. Torra reconnaisse l’autre partie des Catalans qui ne sont pas indépendantistes et qui lui réclament de reconstruire la coexistence minée par l’indépendantisme ».

Selon un sondage publié en juillet par le gouvernement régional, 44% des Catalans sont favorables à la sécession mais 48,3% y sont opposés.

Vendredi, 182 personnes ont été blessées et 83 interpellées en Catalogne lors d’une cinquième nuit de violences depuis la condamnation lundi de dirigeants indépendantistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.

A Barcelone seulement, plus de 150 personnes ont été blessées après des heures d’affrontements au cours desquelles les policiers ont tiré des balles de caoutchouc, des gaz lacrymogènes, et utilisé pour la première fois un canon à eau, face à des groupes d’émeutiers lançant pierres et objets métalliques.

M. Torra a appelé « à la responsabilité lors des prochaines manifestations » et souligné que « la défense des droits et libertés doit s’exprimer comme toujours, pacifiquement ». « La violence n’a jamais été notre bannière et ne le sera jamais », a-t-il insisté, sans toutefois condamner explicitement les violences.

Son numéro deux, Pere Aragones, a critiqué l’action de la police nationale, exigeant qu’elle agisse « de manière proportionnée, cohérente et opportune ».

La police régionale aux ordres du gouvernement catalan, les Mossos d’Esquadra, a elle aussi été en première ligne ces derniers jours, utilisant balles de caoutchouc et canon à eau et suscitant les critiques des manifestants vis-à-vis de M. Torra, accusé d’étouffer des protestations qu’il encourage lui-même dans ses discours.

Le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska a estimé que le discours de M. Torra ne contenait pas de « condamnation ferme » de la violence et appelé les dirigeants catalans à choisir le « chemin des institutions démocratiques ».