Alors qu’elle a boycotté Israël pendant tout son règne, Elizabeth II est décédée. Son successeur, son fils Charles, évitera-t-il lui aussi les voyages officiels à Tel-Aviv ?
L’information a fait le tour de la presse, qui a traité le décès d’Elizabeth II sous divers angles tous plus variés les uns que les autres. Et si la monarchie britannique s’est rapprochée, depuis plusieurs siècles, des pays musulmans, Elizabeth II a soigneusement évité de voyager en Israël. Du côté de l’État hébreu, forcément, donc, l’hommage à la reine d’Angleterre n’a pas été aussi appuyé qu’il aurait dû l’être.
Gouverneure suprême de l’église d’Angleterre, Elizabeth II a pourtant voyagé dans de nombreux pays, comme le rappelle Marianne, de la Jordanie à l’Égypte — une centaine de pays en tout. Mais elle ne s’est jamais rendue en Israël. Si le magazine français avant « des raisons personnelles et sans doute géopolitiques », on était bien là face à un boycott de la monarchie.
Un boycott à demi-mots
Pourtant, le boycott n’a jamais été officiellement affiché par la reine. Le Monde rappelle que, dans les années 1980, la Première ministre Margaret Thatcher avait, elle, rendu visite en Israël au Premier ministre de l’époque. C’est le journal Haaretz qui avait estimé la reine « boycottait » l’État hébreu. Une position confirmée par les faits : si les dirigeants de ce monde ont mis du temps à se rendre en Israël — il a fallu attendre 1982 pour un président français —, lors des quatre premières décennies notamment, les visites officielles se sont ensuite multipliées. Mais du côté de la reine, rien.
« On se représente très mal le degré d’animosité qui a pu exister en Grande-Bretagne, dans tous les milieux aussi bien à gauche qu’à droite à cette époque contre le nouvel État juif, résume à i24 le journaliste Michel Gurfinkiel. Jusqu’en 1955, l’armée anglaise faisait de manière routinière des plans pour attaquer Israël, condamner Israël dans une éventuelle nouvelle guerre du Moyen-Orient ».
Soutien à la communauté juive
La reine faisait d’ailleurs partie « d’une espèce de club monarchique du Moyen-Orient qui comptait la reine Elizabeth, le roi d’Arabie saoudite, les émirs du Golfe persique, le sultan d’Oman », poursuit le journaliste.
De quoi froisser en Israël. Sur place, cependant, difficile d’en vouloir à Elizabeth II. « Ces raisons diplomatiques n’ont pas entamé ses missions ‘nationales’ et son engagement auprès de la communauté juive », nuance i24. D’autant que la famille de la reine a, dans son histoire, caché des Juifs pour les protéger des nazis. La princesse Alice de Battenberg, grand-mère de Charles, a d’ailleurs été reconnue par Yad Vashem « Juste parmi les Nations ».
Reste désormais à savoir quelle sera la politique du nouveau roi d’Angleterre, Charles III. Notamment parce que sa grand-mère est enterrée dans l’église Sainte-Marie-Madeleine, sur le Mont des Oliviers.
Charles III et la déclaration d’amour à la Palestine
Charles, alors prince, s’est d’ailleurs rendu en Israël à deux reprises. En 1995 et 2016, il a respectivement assisté aux funérailles d’Yitzhak Rabin et de Shimon Peres. Mais la famille royale a toujours tenu à préciser que ces visites n’étaient pas officielles. Autant dire que Charles III, désormais roi, pourrait bien conserver la ligne dictée par Elizabeth II, à savoir boycotter, sans le dire, Israël.
Seule exception à la règle : en 2020. Considérée comme la première visite officielle du prince, Charles assistait alors au Forum international sur la Shoah. Mais Israël ne s’attarde pas plus que cela sur cette visite-là. Car Charles en avait profité pour se rendre en Cisjordanie. Et là, aux dirigeants palestiniens, il assurait être extrêmement attristé par les « souffrances » et les « difficultés » du peuple palestinien. Jamais un membre de la famille royale n’avait de telle déclaration d’amour à la Palestine. Malgré son « lien spécial avec Israël », comme titre The Times of Israel, Charles aura bien du mal à se rendre en Israël sans dénoncer la situation dans les territoires occupés.