Le mandat d’arrêt a été déposé mardi soir « en vertu de l’article 124(a) », qui punit l’incitation à la haine, notamment anti-gouvernementale, a précisé la police.
Mais mercredi, le plus célèbre des moines de Birmanie, qui vit la plupart du temps dans son monastère de Mandalay, dans le centre du pays, était aux abonnés absents. Et la police n’a pas précisé quand son interpellation aurait lieu.
Le moine Wirathu risque trois ans de prison ferme s’il est arrêté et reconnu coupable.
Celui que le magazine Time avait dénoncé en Une dès 2013 comme le « visage de la terreur bouddhiste » s’était fait plus discret ces derniers mois, depuis que son compte Facebook, très suivi en Birmanie, avait été fermé par le géant américain.
Des civils bouddhistes nationalistes sont accusés d’avoir participé aux côtés de l’armée birmane à ce que des enquêteurs de l’ONU qualifient de génocide à l’encontre de la minorité musulmane rohingya. Plus de 740.000 membres de cette minorité ont fui au Bangladesh voisin depuis août 2017.
La haine des musulmans est attisée depuis des années par le moine Wirathu, figure la plus connue du mouvement MaBatha, qui se voit comme une vigie contre la menace présumée d’une islamisation de ce pays, majoritairement bouddhiste et qui compte moins de 5% de musulmans.
« Le Vénérable W », un documentaire du cinéaste Barbet Schroeder sorti en 2017, est consacré à ce moine extrémiste.
Lors d’une manifestation en 2015 à Rangoun contre la visite en Birmanie de la rapporteuse spéciale de l’ONU Yanghee Lee, le moine Wirathu l’avait traitée de « putain » dans un discours largement partagé sur les médias sociaux.
En octobre, il s’était insurgé contre la possibilité d’un procès devant la justice internationale contre les généraux birmans pour le « génocide » rohingya.
« Le jour où la Cour pénale internationale vient ici, Wirathu aura un pistolet » à la main, avait-il assuré.