Bernard de La Villardière, le présentateur d’« Enquête Exclusive » et anciennement de « Zone Interdite », fait à nouveau le buzz depuis qu’il a retweeté l’écrivain critique de l’Islam Waleed Al-Husseini.

Ce dernier, dénonçait « les tentatives de la banalisation du voile dans l’espace public » par « les médias » et avait accompagné son post d’une photo d’une jeune femme voilée dans l’émission « Touche Pas à mon Poste » sur C8 (datant d’il y a un an). Le fondateur du Conseil des ex-musulmans de France s’en prenait également aux animateurs télé « sans valeurs », visant particulièrement Cyril Hanouna, le présentateur de l’émission.

Un tweet salué par Bernard de La Villardière, qui a expliqué son point de vue dans le Huffington Post :  « Je partage l’avis de mon camarade Waleed Al-husseini dont j’admire le courage et le travail. C’est aussi le combat de Kamel Daoud et de Boualem Sansal. On ne peut pas se dire favorable à l’égalité homme-femme et banaliser le voile qui n’est pas un signe de dévotion mais un instrument de soumission. L’université Al-Azhar du Caire a bien dit que le voile n’était pas une obligation en Islam. C’était en 2015 ». 

Un avis bien tranché pour un journaliste qui se veut faire des enquêtes approfondies et objectives. C’est en tout cas ce qu’il avait défendu il y a un peu plus d’un an pour le premier numéro de « Dossier Tabou » consacré à l’Islam en France, dans lequel il devait révéler les différentes facettes de la religion musulmane. Il avait en réalité montré une vision sombre de l’Islam, pleine d’approximations et s’était focalisé sur la banlieue. 

« Je ne sais pas ce que c’est que l’islamophobie »

Le dossier de l’émission, diffusé en septembre 2016 était intitulé « L’Islam en France : La république en échec ». Il avait été suivi sur M6 par 2,4 millions de spectateurs. Mais Bernard de La Villardière avait fait ensuite l’objet de plus de 1600 signalements de téléspectateurs pour les clichés véhiculés dans son émission et pour sa partialité. Le président de l’Observatoire de la Laïcité avait même reproché à « Dossier Tabou » de présenter « une vision déformée de la réalité ». 

En effet, Bernard de La Villardière avait entre autres évoqué « une barbe à la façon des islamistes », décrivait les jeunes rencontrés à Sevran comme « un mélange de salafistes et de dealers de drogue » et avait aussi déclaré que 63 % des Français étaient opposés au port du foulard, pour introduire l’interview d’une femme en niqab…

A l’époque, ce reportage « en immersion » à Sevran, avait ravi l’extrême-droite. Marine le Pen avait notamment déploré « la France qui recule face aux islamistes », à la vue de ce « reportage effarant. »

Invité dans l’émission « C à vous » sur France 5 à propos de son émission, la présentatrice Anne Sophie Lapix avait alors demandé à Bernard de La Villardière : « Vous ne craignez pas, au moment où la campagne présidentielle se fige sur les questions d’identité, de remettre une pièce et d’alimenter l’islamophobie ? » 

« Je sais pas ce que c’est que l’islamophobie » avait répondu le journaliste, qui s’était défendu de tout rejet des musulmans. Il avait même exprimé et justifié son inquiétude, après plusieurs voyages dans des pays gagnés selon lui par l’idéologie islamiste.

Des critiques pour son manque de mise en perspective

Pour la presse, Bernard de La Villardière, avait surtout choisi de diffuser des séquences orientées et il était pointé du doigt pour avoir « privilégié le sensationnalisme à la mise en perspective », comme dans un autre sujet sur le cannabis, où il s’était filmé en train de conduire pour en voir les effets. 

Mais désormais, après ses derniers propos sur les réseaux sociaux, il ne s’agit plus de faire de l’audience télé. Il semblerait pencher désormais davantage vers l’islamophobie. 

Son obsession de l’Islam, du foulard et de la laïcité est en tout cas de plus en plus flagrante. Sur son fil Twitter, le journaliste partage régulièrement des posts sur le voile et sur la laïcité prônée par le Printemps Républicain. 

Son émission sur l’Islam n’est pas non plus un cas isolé. Tous les sujets sont bons pour évoquer les musulmans. En janvier 2017, un de ses magazines était consacré aux « Seychelles, un paradis en eaux troubles ». Là encore, les musulmans était au centre du reportage, ce qui n’avait pas manqué d’agacer les internautes. Bernard de la Villardière y avait montré des radicaux implantés dans l’île tentant d’imposer la charia, de riches émirs organisant des soirées alcoolisées, et le gendre du dictateur Ben Ali se la coulant douce sur l’île. La charia, la luxure, la corruption, la plage, un bon mélange pour attirer le public et alimenter l’islamophobie…

En décembre dernier, il a aussi été interviewé par le site Pure médias, sur ce qu’il avait retenu de l’année médiatique. Pour lui, le mensonge médiatique de 2017 était « la psychiatrisation du djihadisme ou le refus de voir les racines idéologiques et religieuses du terrorisme islamiste et du totalitarisme qu’il veut mettre en place ». 

Dans la même interview il s’en prenait également à Edwy Plenel, à Mehdi Meklat du Bondy Blog et évoquait l’affaire Tariq Ramadan. 

Désormais, le présentateur semble donc assumer ses propos et ses prises de positions ouvertement. Après le voile, qu’en sera t-il ? Waleed Al-Husseini qu’il a retweeté, a tenté ensuite de se défendre, avançant un argument d’autant plus déplorable : « Le voile n’est rien d’autre qu’un signe de l’Islam politique, comme les brassards l’étaient pour les nazis ! »…

Bernard de la Villardière approuvera t-il encore ?