Après plus de 92 % des bulletins dépouillés, les partis des deux rivaux obtiennent chacun 32 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement israélien, et ne parviennent pas, avec leurs alliés respectifs, à franchir le seuil des 61 députés pour obtenir une majorité en chambre.

Mais déjà, il semblait clair que les deux grands partis devaient négocier entre eux, et/ou avec d’autres formations, afin de pouvoir prétendre former un nouveau gouvernement et éviter le scénario du printemps dernier où M. Netanyahu avait été incapable de former une coalition à l’issue d’élections âprement disputées.

Résultat, il avait dissous le Parlement et convoqué un nouveau scrutin, celui de mardi, espérant faire bouger les plaques tectoniques de la politique israélienne. Cinq mois plus tard, Israël semble se retrouver près de case de départ, les chefs de pointant vers des pourparlers sans s’entendre sur les partenaires éventuels de la discussion.

« Nous agirons pour former un large gouvernement d’union qui exprimera la volonté du peuple (…) Nous avons entamé les négociations et je parlerai avec tout le monde », a déclaré dans la nuit M. Gantz, à ses partisans réunis à Tel-Aviv, la métropole économique du pays.

« Ce soir commence l’entreprise de réparation de la société israélienne », a ajouté M. Gantz, qui avait en matinée appelé à voter contre la « corruption » et « l’extrémisme » sans nommer directement M. Netanyahu. « L’unité et la réconciliation sont devant nous », a-t-il ajouté.

La voix enrouée, M. Netanyau a plaidé pour un « gouvernement sioniste fort », sans la participation de « partis arabes antisionistes » lors d’un discours en plein milieu de la nuit devant un parterre clairsemé de partisans.

« Nous allons négocier avec le plus grand nombre de partenaires pour éviter la formation d’un gouvernement antisioniste dangereux (…) il n’y aura pas et il ne peut pas y avoir de gouvernement qui s’appuie sur des partis arabes antisionistes, des partis qui nient l’existence même d’Israël en tant qu’État juif et démocratique », a-t-il ajouté.

« Faiseur de roi »

Dans ce scénario, le parti nationaliste Israel Beiteinou pour l’instant « non-aligné » de l’ex-ministre Avigdor Lieberman et crédité de 8 ou 9 sièges pourrait faire pencher la balance.

Ancien ministre sous M. Netanyahu, mais actuellement en rupture avec le Premier ministre, M. Lieberman n’a pas dit clairement s’il allait soutenir le camp du Likoud ou celui du parti Kahol Lavan (« bleu-blanc », couleurs du drapeau israélien) de M. Gantz, mais plaidé pour la formation d’un « gouvernement d’union nationale ».

« Il n’y a qu’une option pour nous et c’est la formation d’un large gouvernement d’union nationale et libéral avec Israël Beitenou, le parti Bleu-blanc et le Likoud », a déclaré M. Lieberman, après la diffusion des sondages à la sortie des urnes, en excluant ainsi les partis juifs ultra-orthodoxes et arabes.

M. Lieberman a mené sa campagne contre les partis juifs ultra-orthodoxes, alliés du Likoud de M. Netanyahu, qu’il accuse de vouloir faire d’Israël un Etat religieux. Outre les partis ultra-orthodoxes, M. Lieberman a aussi tiré à boulets rouges ces dernières années sur les formations arabes.

Or ces partis, crédités mardi de 11 à 15 sièges, pourraient jouer un rôle crucial en soutenant un candidat ou un autre.

« L’ère Netanyahu s’est achevée », a ainsi prétendu mardi soir Ahmed Tibi, l’un des ténors de la « Liste unie » des partis arabes qui s’oppose au Premier ministre.

« Si Benny Gantz appelle, nous lui communiquerons nos conditions, après consultation des partis de la Liste unie. Peut-être ne souhaitera-t-il pas nous appeler et qu’il préfèrera former un gouvernement d’union nationale » sans les partis arabes, a-t-il ajouté.

« Moments rares »

L’issue de ce nouveau scrutin est d’autant plus cruciale pour M. Netanyahu qu’il intervient avant sa comparution devant la justice le 3 octobre pour des affaires de « corruption », « d’abus de confiance » et de « malversations ».

Pour l’heure, M. Netanyahu n’est ni inculpé ni donc condamné, mais une victoire pourrait permettre à ses alliés de voter son immunité. S’il était réélu, puis inculpé, il deviendrait le premier chef de gouvernement en exercice à connaître une telle avanie dans l’histoire d’Israël.

Face à « Bibi », l’ancien général Benny Gantz, libéral sur les enjeux de société comme le mariage civil mais « faucon » sur les questions sécuritaires, joue la carte de la « probité ».

« Rares sont les moments où les électeurs sont devant deux possibilités si distinctes », résumait lundi M. Gantz. Mardi, quelque 69,4% des 6,4 millions d’électeurs ont répondu à l’appel, selon la commission électorale.