Abdulhamid Tursun s’exprimait dans un entretien avec l’AFP à Bruxelles lors d’une manifestation de centaines de représentants de minorités se disant opprimées par la Chine, à l’occasion des 70 ans du régime communiste chinois.

« Ils sont chez eux, sous surveillance (…), n’ont plus le droit de sortir sans autorisation », a déclaré cet homme de 51 ans à propos de sa femme et de ses quatre enfants vivant à Urumqi, capitale du Xinjiang.

Le cas de ce réfugié établi à Gand –qui se fait appeler Ablimit Tursun en Belgique– a ému les associations de défense des droits humains depuis quatre mois, et exposé la diplomatie belge aux critiques.

Plusieurs ONG ont reproché à l’ambassade de Belgique à Pékin d’avoir « livré » le 29 mai à la police locale sa femme et ses enfants, à l’occasion d’une visite pour solliciter le regroupement familial en Belgique, où le père a obtenu l’asile en 2017.

Selon M. Tursun, les membres de sa famille avaient paniqué après avoir appris qu’ils devraient encore patienter « au moins trois mois » avant d’obtenir leurs visas. Il leur manquait alors les passeports chinois permettant d’obtenir les visas que la Belgique a affirmé être prête à délivrer.

La famille a alors refusé de quitter l’ambassade et après de longues heures, la police chinoise « les a escortés hors » des lieux, avait-on assuré en juin côté belge.

Quatre mois plus tard, M. Tursun aimerait que la Belgique insiste auprès du gouvernement chinois « pour qu’il fabrique le passeports (de ses proches) conformément à leurs droits ».

Il explique que le couple doit s’autocensurer dans leurs conversations via la messagerie WeChat.

« Elle ne peut pas parler au téléphone car les conversations sont contrôlées, c’est sûr! Elle filtre ses propos », dit-il, en parlant des policiers en civil présents autour du domicile « 24 heures sur 24 ».

« Je sens à sa voix qu’elle a peur », mais « pour les enfants elle continue de tenir », ajoute M. Tursun.

Au nom de la lutte contre le terrorisme, Pékin a drastiquement renforcé les mesures de surveillance au Xinjiang, en proie durant la dernière décennie à des attentats attribués à des membres de l’ethnie turcophone et musulmane des Ouïghours.

Selon des associations de défense des droits humains, jusqu’à un million de personnes sont ou ont été internées dans des camps de cette vaste région semi-désertique.

De nombreux Ouïghours ont des difficultés à voyager hors de Chine, faute d’obtenir un passeport ou parce que celui-ci est confisqué par les autorités locales.