« Nous annonçons la décision de la direction (palestinienne) de ne plus appliquer les accords signés avec Israël », a-t-il déclaré lors d’un discours à Ramallah.

Des responsables palestiniens avaient menacé dans le passé de cesser d’appliquer les accords avec Israël, mais c’est la première fois que M. Abbas l’annonce lui même de manière aussi directe.

Il a ajouté que la direction palestinienne allait mettre en place immédiatement un comité chargé d’étudier comment mettre en œuvre cette décision.

Israël et les Palestiniens sont liés par des accords bilatéraux dans des domaines allant de la gestion de l’eau à la sécurité.

Si les Palestiniens cessent de les appliquer, cela pourrait avoir des conséquences notamment sur la sécurité en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Le Conseil palestinien avait approuvé en 2015 la fin de la coopération sécuritaire mais le vote était resté lettre morte.

La coopération entre services de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. Les Israéliens assurent que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité.

Les relations entre le gouvernement de M. Abbas, basé en Cisjordanie occupée, et les autorités israéliennes se sont dégradées au cours des derniers mois.

Bras de fer

Cette semaine, Mahmoud Abbas a condamné les démolitions de logements de Palestiniens par Israël au sud de Jérusalem, estimant qu’elles constituent une « dangereuse escalade contre le peuple palestinien sans défense ».

Ces destructions « peuvent seulement être qualifiées de nettoyage ethnique et de crime contre l’humanité », a ajouté jeudi M. Abbas.

Le bras de fer est aussi financier.

En février, Israël avait annoncé le blocage de 500 millions de shekels (122 millions d’euros) sur le montant total reversé à l’Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés par l’Etat hébreu sur les produits importés par les Palestiniens.

Cette sanction avait été imposée en réponse au versement par l’Autorité palestinienne d’allocations aux familles de Palestiniens emprisonnés ou tués pour avoir commis des attaques anti-israéliennes.

Mahmoud Abbas avait alors refusé de toucher une quelconque somme due aux titre de ces droits de douane de la part d’Israël tant que ces fonds étaient incomplets, laissant l’Autorité palestinienne face à une grave crise financière.

Ces taxes représentent 65% des recettes de l’Autorité censée préfigurer un Etat palestinien.

Les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens autour de la solution dite à deux Etats –israélien et palestinien– coexistant l’un à côté de l’autre sont au point mort.

Les Etats-Unis promettent un plan de paix mais son volet politique tarde à être dévoilé.

Les émissaires américains Jared Kushner et Jason Greenblatt doivent retourner au Moyen-Orient à la fin du mois pour des discussions sur ce plan. Les Palestiniens boycottent pour l’instant cet effort de paix américain, accusant l’administration du président des Etats-Unis Donald Trump de parti pris en faveur d’Israël.