Le 2 février, dans la Cité des 3000, à Aulnay-sous-Bois, quatre fonctionnaires de la Brigade spécialisée de terrain (BST) procèdent à une interpellation qu’ils qualifient de « musclée », et c’est le moins que l’on puisse dire ! Les policiers décident d’interpeller Théo, après que le jeune homme s’est interposé à la suite d’une gifle donnée par un policier à l’un de ses amis, selon les témoignages. Une fois arrivé au commissariat, il se plaint de « saignements de la bouche et de l’anus » et affirme qu’il a été violé. Le jeune homme de 22 ans est alors transporté à l’hôpital, où il est toujours hospitalisé. Le diagnostic médical est très clair : « une déchirure de l’anus sur 10 centimètres », ainsi que de nombreuses traces de coups. Le médecin lui prescrit 60 jours d’Incapacité totale de travail (ITT).
Son pantalon a « glissé tout seul »
Dimanche, le parquet de Paris a préféré le terme « violence en réunion » plutôt que celui de « viol en réunion », car selon lui l’acte de pénétration n’aurait pas été volontaire. Une source policière explique cette requalification : après que le pantalon de Théo a « glissé tout seul », un coup de matraque horizontale a été porté au niveau des fesses. Le policier parle d’un geste « non intentionnel. » Pourtant l’article 222-23 du Code pénal est clair : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. » Les habitants des quartiers populaires seraient-ils des sous-citoyens ? Sur Europe 1, Eric Dupond-Moretti l’avocat du jeune Théo a dénoncé les violences subies par son client : « Pour enfoncer une matraque de dix centimètres dans l’anus d’un jeune homme qui n’en a pas envie, qui doit être terrorisé, il faut y mettre un peu de bonne volonté. » Le maire d’Aulnay-sous-Bois a immédiatement réagi à cette requalification : « La police est là pour protéger et non humilier nos concitoyens. (…) Nous, les Aulnaysiens, ne pouvons pas comprendre cette requalification. » En direct de son lit d’hôpital, le jeune homme raconte son agression à BFMTV : le policier a pris « sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement. Dès qu’il m’a fait ça je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force (…) et ils m’ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête, et moi j’avais tellement mal aux fesses que cette douleur-là semblait éphémère. (…) C’était vraiment trop dur pour moi. (…) Mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal », insiste Théo. Le calvaire du jeune homme se poursuit dans la voiture, où il est à nouveau frappé et insulté notamment « d’espèce de salope » et aussi de « bamboula. » Une manifestation se déroule actuellement à Aulnay-sous-Bois pour dénoncer ce viol.