Poussée par plusieurs pays à rejoindre les Accords d’Abraham, l’Arabie saoudite prend le monde à contrepied en reprenant ses relations diplomatiques avec l’Iran.
C’est historique. Depuis 2016, l’Iran et l’Arabie saoudite n’avaient plus de liens diplomatiques. À l’époque, l’exécution du cheikh chiite Al-Nimr par le royaume saoudien avait provoqué une vague de violences en Iran. Le gouvernement saoudien avait alors exigé que les diplomates iraniens quittent le royaume. Téhéran avait estimé que Riyad avait fait une « grande erreur d’avoir exécuté un dignitaire religieux ».
La Chine mène les négociations
Ce vendredi, en début d’après-midi, le ministère saoudien des Affaires étrangères a publié une « déclaration trilatérale conjointe », écrite par l’Arabie saoudite, la République islamique d’Iran et la République populaire de Chine.
En annonçant le rétablissement de leurs relations diplomatiques, les deux pays font un grand pas pour la paix. Une amitié retrouvée — ou en tout cas un réchauffement des relations — qui doit beaucoup à la Chine. Conséquence : les ambassades et représentations diplomatiques vont rouvrir en Arabie saoudite et en Iran dans un délai maximum de deux mois.
La fin de l’« axe du Mal » ?
Le mois dernier, le président iranien, Ebrahim Raïssi, s’est rendu en Chine pour la première visite officielle d’un président iranien à Pékin depuis plus de deux décennies. Lundi, c’est Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, qui est allé en Chine pour négocier avec son homologue saoudien pour « résoudre enfin les différends entre Téhéran et Riyad », selon la presse iranienne.
Alors que plusieurs pays, comme les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont rejoint les Accords d’Abraham et normalisé leurs relations avec Israël, l’Arabie saoudite avait été invitée à rejoindre le mouvement. Mais en coulisse, Riyad refusait de rejoindre le mouvement tant que la question palestinienne n’était pas réglée.
De son côté, l’Arabie saoudite a choisi un autre axe, donc : outre l’Iran, Riyad a repris le dialogue avec l’Irak et pourrait également se tourner vers la Syrie. De quoi permettre d’espérer des changements de cap de la part de l’Arabie saoudite en Syrie, mais aussi au Yémen et pourquoi pas au Liban. Alors que les Émirats et le Koweït ont également repris leurs relations avec Téhéran, cet accord semble prendre le contrepied des Accords d’Abraham. Ou comme l’ancien « axe du Mal » est en train de redevenir un « axe du Bien ».