Est-il normal que les citoyens d’un pays ne sachent pas si leur pays a voté en faveur ou en défaveur de l’Arabie Saoudite, qui va, grâce à un scrutin secret, intégrer la Commission des droits des femmes des Nations unies ? 47 des 54 Etats membres du Conseil économique et social des Nations unies ont voté en faveur de l’intégration du royaume wahhabite dans cette commission. D’après une déduction mathématique simple, on sait donc qu’au moins cinq pays européens ont voté pour. Parmi eux, la Belgique. Devant la pression populaire, le royaume frontalier de la France a décidé de dévoiler son vote. Et aussi de faire son mea culpa : « Je regrette ce vote. Si c’était à refaire, le gouvernement aurait plaidé pour qu’il n’y ait pas le soutien » à l’Arabie Saoudite, a ainsi déclaré Charles Michel devant le parlement belge. Ce sera désormais au ministre belge des Affaires étrangères de s’expliquer et de dire s’il était ou non au courant que son pays allait voter en faveur du pays du Golfe.

Rien n’empêche la France de dévoiler son vote

Mais qu’en est-il de la France ? Dans l’Hexagone, c’est le flou artistique. Au ministère des Affaires étrangères, on lâche que « la France vote toujours en fonction de ses principes. » L’histoire ne dit pas si ces principes sont ceux qui amènent notre pays à commercer avec l’Arabie Saoudite ou si ceux-ci ont un lien avec les droits de l’Homme, une notion qui semble avoir été oubliée. Force est cependant de constater que la France pourrait bien avoir donné sa voix au royaume saoudien. Le Quai d’Orsay estime en effet que « la nature de ce vote ne sera jamais dévoilée puisqu’il s’est déroulé à bulletins secrets. » Ce qui ressemble à un aveu de culpabilité. Car la France, même après un vote à bulletins secrets, peut révéler quel bulletin elle a glissé dans l’urne. « Je ne connais aucune règle aux Nations unies qui empêche les gouvernements de divulguer à leurs citoyens comment leurs représentants ont voté », indique Hillel Heuer, de UN Watch, au Huffington Post. WikiLeaks propose 10 000 dollars à toute personne qui réussira à dévoiler le vote de la Suède à l’ONU. Pendant ce temps, en France, on refuse donc de dire aux citoyens s’ils sont complices ou non d’une telle mascarade. Car rappelons que, dans ce pays qui va intégrer la Commission des droits des femmes des Nations unies, les femmes ne sont pas autorisées à conduire et doivent avoir un tuteur qui décide tout pour elles.