Se faisant passer pour une femme maghrébine, Milla Jasmine, comme d’autres, utilise son audience pour obtenir notoriété et argent. Ce phénomène est aujourd’hui appelé « arabfishing ».
Depuis les années 1980, le terme d’appropriation culturelle est régulièrement utilisé, tant le « colonialisme culturel » est présent. Pour l’Encyclopaedia britannica, « il y a appropriation culturelle lorsque les membres d’un groupe majoritaire adoptent des éléments culturels d’un groupe minoritaire de manière abusive, irrespectueuse ou stéréotypée ». Plus récent, le « Blackfishing » est également en vogue, notamment sur les réseaux sociaux.
Sur Instagram, des femmes blanches affichant un teint foncé, laissent croire qu’elles sont métisses, voire noires. De quoi provoquer la colère des jeunes femmes noires, qui déplorent le « blackfishing ».
Et désormais, c’est être une femme arabe ou musulmane qui semble être porteur. Accusée d’« arabfishing », l’influenceuse Milla Jasmine est apparue, dimanche dernier, dans le numéro de l’émission « Complément d’enquête », sur France 2.
Avec 3,2 millions de followers sur Instagram, la jeune femme de téléréalité est une icône de l’influence. Elle se prend régulièrement en photo à Dubaï devant des lieux de culte et met en avant son côté musulman, comme lorsqu’elle annonce faire le ramadan.
En réalité, Milla s’appelle Marie Germain. Rien de choquant si la jeune femme avait voulu changer de nom suite à une conversion, par exemple. Sauf que tout porte à croire que l’influenceuse a aujourd’hui choisi un prénom et un nom qui lui donnerait des origines maghrébines, pour attirer un public ciblé. Une opération de communication lancée avec Safia, sa sœur, dont le vrai prénom est Gwendoline.
En étudiant son passé, le magazine Ancré s’est rendu compte qu’avant d’apparaître comme une femme maghrébine, Milla se définissait comme « moitié chinoise, moitié libanaise et moitié noire ».
Un changement d’origines en fonction du temps, donc.
Une pratique qui, si elle n’était pas faite à des fins mercantiles, ne poserait pas de problème. Mais l’« arabfishing », comme le « blackfishing », n’est pas anodin. Esther LeBulldozer, journaliste et afroféministe, dénonçait à l’époque où est né le terme « blackfishing » qu’il s’agissait pour ses auteurs de « tirer profit d’avantages réservés aux personnes noires à différentes fins ».
Ce qui a été vraisemblablement le cas pour Milla. Son « arabité » lui a certainement apporté de nombreux abonnés et les revenus et la notoriété qui vont avec.