Les IA prennent de plus en plus de place, avec le développement de ChatGPT. Cela donne l’occasion à certains internautes de poser des questions sur la religion…
L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle remplacer les responsables religieux ? De l’école coranique au catéchisme, suffira-t-il désormais de demander, sur son smartphone ou son ordinateur, ce que l’on souhaite savoir pour avoir une réponse ? Ce lundi, un internaute a profité de la mise en service de l’IA de Snapchat, qui est en réalité un chatbot, baptisé « My AI », basé sur GPT-3.5. Et le résultat est étonnant…
Les commentaires au tweet montrent que le bot de Snapchat n’hésite pas à donner de mauvaises réponses, toutes différentes en fonction des utilisateurs. Il faut dire que la version de GPT utilisée n’est pas la plus performante. En effet, GPT-4 fournit des informations plus complètes, mieux construites et plus fidèles à la source que GPT-3. L’intelligence artificielle n’est, pour le moment, pas près de remplacer les savants religieux.
Un rabbin a pu le tester : il a demandé à ChatGPT d’écrire un sermon en se basant sur la Torah, en prenant en compte la pensée de Brené Brown et sa théorie sur le pouvoir de la vulnérabilité. C’était en décembre dernier. S’il a estimé que le contenu était trop court, l’audience a apprécié. Mais selon le rabbin, à l’heure actuelle, rien ne vaut l’humain : « Si je dois prêcher sur la vulnérabilité et l’intimité, je partagerai quelque chose de moi-même en tant que modèle de vulnérabilité. Et c’est quelque chose que l’intelligence artificielle et ChatGPT ne peuvent pas faire », a-t-il affirmé.
Mais pour le rabbin, impossible désormais d’espérer poursuivre sa carrière en ignorant l’IA. La religion ne doit pas avoir peur de la technologie, dit-il en substance. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas prévenir des dangers. Car quand l’IA devient un rabbin, un prêtre ou un cheickh, cela peut avoir des conséquences déjà pointées au moment où les religieux dénonçait le top de pouvoir donné à « Rabbi Google » ou « Cheikh Google ».
Jihad Turk, fondateur de Bayan Islamic Graduate School, expliquait récemment dans un article, en tant qu’ancien imam, qu’il recevait des appels téléphoniques de membres de sa communauté pour répondre à des questions liées à la position de l’islam sur tel ou tel sujet, particulièrement après avoir consulté Google. Or, les chatbots, ajoute-t-il, se basent plutôt sur les flux conversationnels plutôt que sur des sources reconnues. L’IA « est une machine à corrélation. Ce n’est pas une machine à connaissances. Ce qu’elle fait, c’est qu’elle prédit la probabilité du mot suivant », poursuit Beth Singler, professeure assistante en religions numériques à l’Université de Zurich.
Mais l’IA est une machine impressionnante. Utile autant qu’il faut s’en méfier. Les créateurs de HadithGPT, qui répond à des questions à partir de hadiths, ont préféré avertir des risques d’inexactitude des réponses. « L’islam se transmet de cœur à cœur et il est important d’apprendre et de consulter de vrais érudits islamiques pour des informations plus précises », est-il indiqué.
Reste que tout peut encore évoluer dans le bon sens. Avec une IA qui serait spécialisée dans la religion en général, ou dans l’islam en particulier. « Pour ce faire, indique un spécialiste de l’IA, il faudrait former un comité religieux pour évaluer cette intelligence artificielle et choisir la base de données, mettre l’éthique au centre de l’IA ». Car l’IA apprend, s’entraîne et finira par donner des réponses satisfaisantes, selon les points de vue. Car, ironise ce même spécialiste, « même un savant peut avoir des méconnaissances ou agir avec un biais cognitif ».