Notre chroniqueur Karim Achoui revient sur le parcours de Claude Goasguen, toujours prompt à se déchaîner contre les musulmans de France, et estime que la discrimination est devenue la norme.

On disait du philosophe politique Benjamin Contant qu’il était presqu’un génie par l’intelligence et presqu’un enfant par la volonté. Certains n’ont ni l’un ni l’autre et nous offrent l’illustration de parcours idéologiques troublants d’inconséquence. Claude Goasguen semble illustrer à la perfection ces dires. Girouette compulsive ou traitre congénital, il se manifeste par sa bêtise et son engagement vide de sens, ainsi que par sa vacuité intellectuelle et un réactionnisme digne des imbéciles de la pire espèce. Un petit rappel du parcours de Claude Goasguen s’impose afin de démontrer l’étendue de la débâcle politique française actuelle, de l’appauvrissement idéologique archaïsant d’une France malade, qui prend une pente de plus en plus absurde et vient suicider nos valeurs républicaines et démocratique.

Petit rappel donc : alors qu’il est étudiant en droit, Claude Goasguen est partisan de l’Algérie française, il apporte ensuite son soutien, aux élections présidentielles de 1965, à Jean-Louis Tixier-Vignancourt, candidat d’extrême droite. Mais le parcours fasciste de Goasguen ne s’arrête pas là : proche de Gérard Longuet ou Patrick Devedjian, il devient membre du parti d’extrême droite d’Occident, puis, en 1971, adhère au mouvement néofasciste Ordre Nouveau. Alors, oui, Claude Goasguen a ensuite tenter de taire cette phase peu glorieuse de son passe, non par honte car il n’a guère changé, mais par démagogie et bien-pensance l’espace d’un instant ; il est ensuite passé par l’UDF, avant de devenir membre de l’UMP…  Fut une époque où ce fut, en effet, moyennement vendeur que d’être catalogué « fasciste », et Claude Goasguen, souhaitant satisfaire une certaine ambition, l’a mise un peu en veilleuse ; il n’allait tout de même pas cracher sur un poste de ministre dans le gouvernement Juppé.

Aujourd’hui, être extrémiste et discriminant redevient la norme

Mais le député-maire du 16e arrondissement de Paris est, depuis, revenu ouvertement à ses premières amours en adoptant des positions extrêmes, et, s’il se proclame « Républicain », il n’en porte que l’étiquette. Parce qu’aujourd’hui, être extrémiste et discriminant redevient la norme, c’est « bankable », on s’affiche réac et sans gueule de bois. Claude Goasguen s’illustre notamment, depuis quelques années par ses propos provocateurs et racistes, dévoilant une volonté  profonde de discrimination envers les Arabes et musulmans en France. Président du groupe parlementaire de pression d’amitié France-Israel depuis 2007, il est l’un des plus fervents soutiens politiques français à l’Etat d’Israël. Seulement, il ne se contente pas de blâmer l’antisémitisme, il s’en sert comme d’une arme prétexte à son islamophobie primaire, effrayante d’ignorance. Il affirme en 2008, être favorable à l’ajout du Hezbollah parmi la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne, qualifie les Palestiniens de « peuple sauvage de terroristes épouvantables », s’oppose à la reconnaissance, par l’ONU, de l’Etat palestinien.

Récemment, Claude Goasgen établissait un parallèle entre les terroristes ayant sévi en France, en Belgique, aux Etats-Unis, et les Palestiniens « assassinant nos frères israéliens », des « djihadistes » comme les autres. Selon le député de droite, les musulmans seraient tous des « terroristes en puissance » dont il faudrait fermer les lieux de culte et qu’il faudrait jeter hors de France… Effrayant ! Seulement voilà, la classe politique française ressemble de plus en plus à ça, l’opinion publique ressemble de plus en plus à ça, la France ne doit pas ressembler de plus en plus à ça ! Le musulman est le nouveau juif, l’islamophobie est le nouvel antisémitisme. Peut-être serait il bon de se constituer une identité autrement que dans l’opposition et le rejet culturel à l’altérité ! Hormis chez quelques obsédés du complot juif, l’extrême droite française ne se caractérise plus par son antisémitisme. Dans sa grande majorité, elle a d’ailleurs, comme la droite parlementaire actuelle, rallié un sionisme de combat. Cette évolution est en réalité un transfert : de la haine des juifs à la haine des musulmans…

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