L’organisation de défense des droits humains dénonce « des arrestations arbitraires », « la dispersion par la force des manifestations pacifiques contre l’élection présidentielle », « la poursuite en justice et l’emprisonnement de dizaines de militants pacifiques » ces dernières semaines.
Les Algériens sont appelés à voter dans une semaine pour élire un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par un mouvement (« Hirak ») populaire de contestation du régime inédit, après 20 ans à la tête de l’Etat.
Mais cette élection est rejetée par le « Hirak », qui réclame le démantèlement du « système » politique au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Des dizaines d’opposants ont été arrêtés –et certains condamnés– à la suite de manifestations de protestation contre la tenue du scrutin.
« Au lieu de s’en prendre aux manifestants pacifiques, notamment à ceux qui s’opposent à l’élection présidentielle, les autorités algériennes doivent garantir le droit de la population algérienne de manifester pacifiquement et de s’exprimer librement », plaide la responsable d’Amnesty, qui réclame la libération « immédiate et sans condition » de toutes les personnes détenues.
Selon le CNLD, qui recense et soutient les Algériens arrêtés dans le « cadre du Hirak », plus de 140 personnes sont actuellement incarcérées, en détention préventive ou condamnées, pour des faits liés à la contestation.
D’après l’association, le tribunal d’Oran rendra son verdict le 11 décembre, veille de la présidentielle, contre « Nime », dont les oeuvres grinçantes mettant en scène les dirigeants algériens sont largement diffusées sur les réseaux sociaux.
Deux tableaux lui sont particulièrement reprochés: « L’Elu » montre l’actuel homme fort de l’Algérie, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, un genou à terre, passer un chausson de vair au pied de l’ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, candidat à la présidentielle, sous les yeux des quatre autres postulants. En arrière-plan, on distingue, spectral, Abdelaziz Bouteflika.
« Jusqu’au bout » montre le général Gaïd Salah, le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui en musiciens jouant sur le pont d’un navire qui commence à couler.