Ce 5 juillet 2017 est l’occasion de revenir et d’analyser, avec 55 années de recul, les arguments de ceux qui, côté français, étaient pour l’indépendance et ceux qui y étaient opposés. D’un côté, vous avez Albert Camus, Frantz Fanon, Jean-Paul Sartre, Jacques Vergès, Michel Rocard et tant d’autres. De l’autre, vous avez ceux qui se font passer pour les amoureux de la France, ou plutôt d’une certaine conception de la France, comme le général Massu, Jean-Marie Le Pen ou autres Marcel Bigeard, qui ont réussi l’exploit de fonder ce prétendu « patriotisme » sur la torture et les exécutions arbitraires. Pour des raisons électorales, d’autres comme François Fillon veulent nous convaincre des « bienfaits de la colonisation » et tentent de nous expliquer que la France a simplement voulu « partager sa culture »… Mais comme le disait Sartre, « Le colonialisme refuse les droits de l’Homme à des hommes qu’il a soumis par la violence, qu’il maintient de force dans la misère et dans l’ignorance, donc, comme dirait Marx, en état de “sous-humanité”. » D’autres encore peuvent par les mots tenter de travestir l’Histoire en tentant de mettre en avant les exactions commises par le FLN. D’autres enfin – mais parfois les mêmes – tournent la tête quand on leur parle des harkis que notre pays a trahis.

Les « bienfaits » de la colonisation

Il est évident que l’on peut écouter tout le monde, mais certains arguments ne tiennent pas la route et ne peuvent être opposables à une vérité implacable : l’Algérie est aux Algériens ! Même si certains ont eu besoin que le Général de Gaulle le leur souffle pour s’en rappeler. Aujourd’hui, nous ne pouvons que tirer notre chapeau à ceux qui ont résisté à la colonisation française, et nous réjouir que notre pays ait toujours pu compter dans ses rangs sur de réels défenseurs des droits de l’Homme, n’hésitant pas à aller à l’encontre de la pensée dominante et mettant ainsi leur vie en danger. Comme Sartre, qui a vu son appartement plastiqué à deux reprises par l’Organisation armée secrète (OAS), organisation politico-militaire clandestine qui a lutté contre l’indépendance de l’Algérie. Michel Rocard avait pris fait et cause contre la guerre d’Algérie et la colonisation française, qu’il définissait comme « une mentalité proche de la ségrégation raciale qui interdisait aux musulmans, sauf exceptions, l’accès aux fonctions de responsabilités, même mineures, dans leur propre pays ». A la mort de Rocard, Jean-Marie Le Pen avait une fois de plus créé la polémique en déclarant : « On oublie de dire que Michel Rocard fut un combattant de la guerre d’Algérie… dans le camp de l’ennemi ! » Mais que dire de toutes ces femmes et hommes algériens qui, jusqu’à présent, sont des symboles de résistance aux quatre coins du monde. Qui, à force de résistance et de courage, ont fait plier l’une des toutes premières puissances coloniales, et envoyé au passage à tous les peuples opprimés une lueur d’espoir.

132 années de colonisation

Pour rappel, le 1er juillet 1962, un référendum est organisé en Algérie au sujet de l’indépendance – la question est la suivante : « Voulez-vous que l’Algérie devienne un Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? ». La réponse est « oui » à 99,72%. Deux jours plus tard, le 3 juillet, soit un peu plus de trois mois après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 prévu par les accords d’Évian, la France reconnaît l’indépendance du peuple algérien et procède au transfert des pouvoirs de souveraineté. Le 5 juillet 1962, l’Algérie obtient son indépendance après presque 8 années de guerre sanglante. Des foules en liesse prennent les rues d’assaut pour fêter ce moment tant attendu par un peuple qui a vécu 132 années d’inégalités, d’humiliations, de massacres… Mais un peuple qui restera le plus grand héros de l’indépendance.