Vendredi dernier, Anaïs est allée récupérer un colis au point-relais d’un tabac-presse d’Albi. Comme d’autres femmes avant elle, on lui demande alors d’enlever son foulard pour pouvoir prouver son identité. 

Comme elle le raconte dans un post Facebook, la jeune femme propose à la buraliste de retirer son voile devant elle, en l’absence de son collègue. Celle-ci aurait refusé, lui lançant : « On est en France, on est sur un même pied d’égalité ». 

Après plusieurs minutes d’échanges avec la gérante, Anaïs, en larmes, finit par donner une procuration à un client de la boutique afin qu’il récupère le colis à sa place. La buraliste accepte enfin de remettre le colis. 

Pour elle, il en va de la « sécurité » de son tabac et estime être dans son droit. Elle invoque notamment la circulaire du 2 mars 2011 sur « la dissimulation du visage dans l’espace public ». 

Une affichette à l’entrée du magasin explique d’ailleurs les conditions pour pouvoir récupérer un colis. « Pour des raisons de sécurité, le port d’un casque ou d’une capuche, ainsi que toute tenue pouvant dissimuler l’identité ou une arme est interdit dans notre établissement », a tenu a écrire la gérante. 

Mais comme le rapporte Anais dans son post, c’est bien le voile intégral qui est interdit en France et non le port d’un hijab. D’autres femmes victimes de la même discrimination ont donc porté plainte contre la commerçante. Trois plaintes pour le même motif ont été déposées en 2015, 2016 et 2017.

La société Pickup, chargée de la livraison des colis, a réagi sur Twitter à cette affaire. « Il ne s’agit en rien d’une exigence de notre part : nous demandons aux relais de vérifier la cohérence entre le nom du destinataire, la pièce d’identité présentée et la personne qui se présente pour retirer un colis… Bien évidemment, un voile ou un turban ne fait pas obstacle à ce contrôle », se justifie t-elle. 

La société de livraison précise également : « Nous avons déjà demandé à ce relais de ne pas exiger des clients venant retirer un colis Pickup qu’ils ôtent leur voile ou turban, un nouveau rappel va être fait dans ce sens ». 

La buraliste, elle, a confié à la Dépêche du Midi être « choquée, outrée que cette affaire prenne de telles proportions pour une simple question de sécurité ». Elle affirme avoir « toujours respecté la loi » et entend bien s’expliquer devant la justice. Ces affaires seront jugées le 24 mai.