« Al Jazeera dénonce la décision prise par un Etat qui prétend être ‘le seul Etat démocratique au Moyen-Orient’. » Dans un communiqué, la chaîne qatarienne a décidé de contre-attaquer dans le conflit qui l’oppose aux autorités israéliennes. Ce lundi, alors qu’Israël a annoncé sa décision de fermer le bureau de Jérusalem d’Al Jazeera, la chaîne a réagi en assurant qu’elle prendrait des mesures contre cette injustice. La veille, le ministre des Communications Ayoub Kara affirmait que son pays ne reconnaîtrait plus les journalistes d’Al Jazeera, ce qui empêchera irrémédiablement ces derniers d’exercer sur le sol israélien. Le ministre de l’Etat hébreu a par ailleurs assuré que le bureau de Jérusalem serait fermé et la diffusion d’Al Jazeera en Israël, bloquée. Le Premier ministre Netanyahu accuse la chaîne d’inciter à la violence contre Israël et se désole de la façon dont elle traite le conflit israélo-palestinien.

L’interdiction d’Al Jazeera juridiquement impossible ?

Sauf qu’interdire Al Jazeera ne semble pas aussi simple que cela. Selon Haaretz, ce n’est en effet pas au ministre des Communications de révoquer les journalistes sur son sol mais aux services de sécurité, qui doivent prouver que ces journalistes mettent en danger la sécurité nationale. Le bureau de presse du gouvernement israélien a lancé les démarches. Des démarches loin d’aboutir si facilement. Quant à la fin de la diffusion d’Al Jazeera, le gouvernement doit obtenir l’aval des entreprises qui émettent les programmes de la chaîne. Là encore, ces dernières n’ont pas annoncé leur volonté d’accéder aux demandes du gouvernement. Même la police aurait refusé, pour le moment, de fermer les bureaux d’Al Jazeera. Enfin, les téléspectateurs d’Al Jazeera regardent, de toute façon, la chaîne via des paraboles. Bloquer sa diffusion en Israël n’aurait quasiment aucun impact et la chaîne du Qatar serait toujours diffusée sur les télévisions du pays.

Les journalistes s’inquiètent de cette décision liberticide

Si, dans les faits, la fermeture d’Al Jazeera en Israël n’aurait quasiment aucun impact, le symbole est en tout cas important. Les justifications évoquées par le ministre des Communications sont « étranges et biaisées, elles sont en phase avec les actions menées par un certain nombre de pays arabes (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Egypte et Jordanie) qui ont fermé les bureaux locaux de la chaîne, bloqué ses sites web et ses applications », s’étonne Al Jazeera, qui « prendra les mesures juridiques nécessaires à cet égard ». Quoi qu’il advienne, la chaîne « continuera à couvrir les événements des territoires palestiniens occupés de manière professionnelle et précise », indique le communiqué. Du côté du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on estime que « censurer Al Jazeera ou fermer ses bureaux n’apportera pas de stabilité à la région, mais cela mettra fermement Israël dans le camp des pires ennemis de la liberté de la presse dans la région. »