

Débats
Affaires Ramadan et Tron : accusations de viols et consentement
Suite à l’acquittement de Georges Tron et à la mise en liberté de Tariq Ramadan, l’avocat Karim Achoui revient sur l’importance de la notion de présomption d’innocence.
Apprenant l’acquittement récent de Georges Tron (manque de preuve de la réalité de la contrainte, critère du viol), l’ancienne secrétaire d’Etat Juliette Méadel, tweetait qu’en matière de viol, le doute ne devait pas bénéficier aux accusés.
Accusations de viols : #GeorgesTron acquitté. Verdict désespérant pour les droits des #victimes. Le doute ne doit pas bénéficier aux accusés ! C’est le retour du droit de cuissage ? #metoo n’aura donc servi à rien ? Le parquet doit faire appel. https://t.co/chTxTBw2SF
— Juliette Méadel (@juliettemeadel) 15 novembre 2018
Au-delà d’une conception profondément fasciste de la justice, le tweet fou de Madame Méadel vient rappeler que le viol est l’une des infractions pénales les plus difficiles à appréhender.
En effet, si personne ne souhaite en principe être volé ou assassiné, les humains désirent faire l’amour les uns avec les autres, c’est à dire notamment pénétrer et être pénétré. Or, cette pénétration est matériellement le même acte, qu’elle s’inscrive dans le plus beaux des cadres amoureux ou dans celui du viol de guerre.
Entre ces deux situations existe un vaste spectre, aux combinaisons complexes et ambiguës, qui rappelle que la sexualité est une relation sociale, elle aussi empêtrée dans les rapports de pouvoir, de domination, de manipulation.
C’est ce qu’illustrent bien les cas Ramadan et Tron. Certainement coupables moralement, mais possiblement innocents pénalement. On rappellera utilement ici, que la grandeur de notre droit est dans sa déconnexion avec la morale, notion subjective sur le fondement de laquelle seul Dieu saurait rendre justice. Il est bon que les juges ne soient pas des curés et l’« ordre moral » est bien plus un danger pour les libertés de tous, qu’une protection contre les crimes sexuels. La vérité est que, contrairement aux mensonges ânonnés un peu partout dans le monde arabe, plus on réprime la sexualité, plus on viole.
Abolir la présomption d’innocence comme le souhaite Juliette Méadel, c’est nier toute complexité humaine et surtout assigner aux femmes un statut de victime ontologique. Pourtant, les femmes peuvent mentir, comme ce fut très certainement le cas dans l’affaire Darmanin et comme on commence à le découvrir dans l’affaire Ramadan.
Jouer avec des notions aussi graves, c’est également ouvrir la porte à des délires régressifs et dangereux, comme cette condamnation en Belgique, pour un viol à distance…
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