Le viol et le meurtre de la jeune Vanesa n’intéresse pas l’extrême droite. Le principal suspect est trop français pour que Zemmour et Le Pen éprouvent la moindre compassion.
Une adolescente de 14 ans, Vanesa, avait été portée disparue vendredi dernier. Elle a finalement été retrouvée morte le lendemain, dans une maison abandonnée. Romain C., le principal suspect, a affirmé avoir enlevé, violé et tué la jeune fille, à la sortie de son collège, à Tonneins. Un drame qui n’est pas sans rappeler celui qui avait touché Lola. Le mois dernier, la fillette avait été retrouvée morte dans une malle. Là aussi, la suspecte, Dahbia B., avait avoué le meurtre de Lola, à peine âgée de 12 ans.
De la compassion ? Non, de la manipulation
Au-delà de ces deux drames, les traitement de ces affaires montrent que les indignations ont été très différentes. Pour l’affaire Lola, les partis d’extrême droite s’étaient précipités pour lier l’insécurité en France à l’immigration illégale. La suspecte était en effet visée par une Obligation de quitter la France (OQTF). Zemmour et consorts avaient donc estimé que si les autorités françaises avaient bien fait leur travail, le meurtre de Lola n’aurait jamais eu lieu. Plus globalement, c’est la politique migratoire de la France qui avait été fustigée.
La récupération politique du meurtre de Lola par l’extrême droite avait choqué la famille et les voisins de la collégienne, qui avaient demandé que cesse cette manipulation. SOS Racisme avait déploré l’« indécence totale » de cette récupération politique. « Je constate que toute une partie de l’arc politique ne voit pas le meurtre d’une jeune fille et une famille à l’égard de laquelle il faut faire preuve de compassion, mais voit une opportunité politique pour, en réalité, développer un argumentaire raciste assez évident, assez grossier », déclarait alors Dominique Sopo.
Silence radio quand le suspect est français
L’affaire Vanesa montre à quel point l’indignation et la compassion n’étaient, en réalité, que de l’opportunisme politique. Car étonnamment, le meurtre de la jeune fille émeut peu Eric Zemmour et Marine Le Pen. Il faut dire que le principal suspect n’était pas visé par une quelconque OQTF et son patronyme est un peu trop français pour le parti Reconquête de Zemmour, qui cherche à surfer sur les « francocides » — des meurtres contre des Français, parce qu’ils sont français.
« En politique, indignation à géométrie variable et crédibilité ne font pas bon ménage », écrit dans une chronique l’eurodéputé allemand Manfred Weber. On se souvient, peu après Lola, du meurtre de Justine en Corrèze, par un agriculteur. Cette indignation à géométrie variable va, au moins, permettre aux proches de Vanesa de faire leur deuil dans le calme. Mais cela prouve aussi que les dirigeants politiques de l’extrême droite n’ont en réalité aucune compassion pour les victimes, dont ils cherchent seulement à se servir.