Après la France, l’affaire Tariq Ramadan avait pris une tournure internationale le 31 octobre 2017. Une femme accusait alors, dans un reportage de la RTBF, l’intellectuel d’agression sexuelle et disait envisager de porter plainte. « Un an plus tard, aucune plainte n’a été enregistrée en Belgique », raconte l’avocat belge de Tariq Ramadan qui a donc décidé de porter la chaîne de télévision devant la justice et devant le Conseil de déontologie journalistique, le CSA belge.

« Nous avons intenté une procédure judiciaire et une procédure déontologique », résume Me Wajdi Khalifa. Sans identification de la personne qui accuse Tariq Ramadan d’agression sexuelle — le témoignage était anonyme —, la procédure judiciaire a débouché sur un non-lieu en juin dernier. L’avocat a fait appel, celui-ci sera étudié en fin d’année.

C’est donc pour le moment devant le Conseil de déontologie journalistique que la défense de Tariq Ramadan a porté l’affaire. « Nous avons estimé que le reportage de la RTBF avait violé plusieurs articles du code de déontologie journalistique », nous indique Me Wajdi Khalifa, qui dénonce le fait que « la voix-off du reportage utilise l’indicatif » et qu’« à aucun moment le journaliste n’a essayé de prendre contact avec M. Ramadan. » L’avocat belge justifie sa procédure en insistant que le fait que « les médias doivent agir de bonne foi, sans fausser les faits et sans se faire les complices d’une justice expéditive. »

Ce mercredi 12 décembre, le Conseil de déontologie journalistique s’est réuni et a statué sur la demande de Tariq Ramadan. Il résulte de cette plainte que « le Conseil de déontologie journalistique a constaté des fautes déontologiques dans cette séquence » de la RTBF. Si le CDJ, peut-on lire dans le document consulté par LeMuslimPost, « note que le sujet évoqué par la RTBF était sans conteste d’intérêt général : d’une part les violences faites aux femmes sont un enjeu sociétal majeur, d’autre part le plaignant est une personnalité publique internationale », le Conseil « a constaté que le JT de la RTBF avait diffusé le témoignage anonyme d’une victime de violences sexuelles sans prendre la distance nécessaire avec le témoin et sans solliciter le droit de réplique de la personne mise nommément en cause. »

Dans les sept jours à venir, la RTBF devra donc publier sur son site et sous la vidéo un texte indiquant, entre autres, que « le journaliste avait présenté à une reprise au moins les faits de violence attribués au plaignant comme établis, avait pris à son compte plusieurs déclarations du témoin sans user du conditionnel et n’avait pas sollicité le droit de réplique de la personne incriminée. » Par ailleurs, le site de la RTBF devra rappeler que « diffuser le témoignage de personnes victimes de violences sexuelles – des témoignages qui relèvent de l’intime – exige des journalistes de tenir compte de la situation difficile des témoins sous peine de les victimiser une seconde fois » et que « le CDJ a rappelé au média que si une telle victime accuse nommément une personne, tout en restant anonyme, la plus grande prudence doit rester de mise. »