Alors qu’une nouvelle plainte a été déposée contre Tariq Ramadan et que ce dernier s’est exprimé pour la première fois à la télévision depuis le début de l’affaire, les organisations musulmanes étaient restées silencieuses. L’ex-UOIF, désormais baptisée Musulmans de France, particulièrement. Organisatrice de la RAMF, la rencontre annuelle des musulmans de France, l’UOIF avait été l’un des fers de lance de l’intellectuel. Près de deux ans après le début de l’affaire, l’union a décidé de publier un communiqué dans lequel elle indique ne pas vouloir «commenter cette affaire sur le plan judiciaire » et laisser à la justice le soin de décider de « l’innocence de Monsieur Ramadan ou sa culpabilité ».

Si l’ex-UOIF appelle à l’« objectivité et neutralité » de la justice, elle prend ses distances avec Tariq Ramadan. Si, nuance le communiqué, Musulmans de France ne veut pas « prononcer une condamnation de l’homme, le jugement définitif de chacun (revenant) à Dieu », l’organisation dit avoir « le devoir » de s’exprimer après avoir contribué à l’émergence de Tariq Ramadan. « Nous nous sentons trahis par le comportement révélé par Monsieur Ramadan, comportement qui s’avère en totale contradiction avec les principes éthiques et moraux attendus d’un homme qui prône l’islam, appelle à sa spiritualité et à ses valeurs, et répond aux interrogations d’un public essentiellement jeune et à la recherche de modèles », peut-on lire dans le communiqué.

L’UOIF se dit « choquée par l’écart béant entre les dires et le comportement de Monsieur Ramadan, écart qu’elle n’a jamais soupçonné ». Une façon également de se défendre face aux accusations d’omerta de la part de Musulmans de France. L’ex-UOIF assure qu’elle n’a « jamais été informée (de la double vie de Tariq Ramadan), ni n’a observé un quelconque comportement de l’intéressé en désaccord avec l’éthique musulmane ». Et Musulmans de France d’appeler les leaders de la communauté « à la sincérité renouvelée et à la recherche de l’exemplarité ».