A deux jours d’une confrontation entre Tariq Ramadan et l’une de ses plaignantes en France, la justice suisse a décidé d’ouvrir une instruction suite à la plainte d’une femme suisse qui accusait Tariq Ramadan de « séquestration, contrainte sexuelle, viol avec circonstance aggravante de cruauté. » Si les faits supposés de séquestration et de circonstance aggravante n’ont pas été retenus, l’enquête a amené le Ministère public à ouvrir une instruction pour viol et contrainte sexuelle, annonce La Tribune de Genève ce dimanche.

Le premier procureur Adrian Holloway — en Suisse, à la différence de la France, c’est le premier procureur qui instruit et non des juges – a pris cette décision après la remise d’un rapport d’enquête de la police il y a plusieurs semaines, indique le journal suisse. Le porte-parole du Ministère public, Henri Della Casa, n’a pas souhaité faire de commentaire. Il y a quelques jours, Le Point annonçait que la justice suisse auditionnerait Tariq Ramadan en octobre prochain. Selon une source proche du dossier, « contrairement à ce qu’écrit Le Point, la mise en prévention, si elle est décidée, ne devrait pas intervenir avant la première audition de Tariq Ramadan. »

« Nous sommes excessivement surpris d’apprendre l’ouverture d’une instruction par la presse et non par le Ministère public directement » (les avocats de Tariq Ramadan)

Les faits qui sont reprochés à Tariq Ramadan se seraient déroulés en octobre 2008 dans un hôtel de Genève. A L’Obs, l’avocat de la plaignante, Me Jordan, indique que « le Ministère public et la police judiciaire de Genève ont fait avancer la procédure vite et bien » et assure que, « compte tenu de l’activisme des soutiens de Tariq Ramadan, nous serons extrêmement attentifs au respect de l’anonymat de notre cliente. Sa violation sera constitutive d’une infraction pénale en droit suisse. » Concernant des liens entre la plaignante suisse et la Française Paule-Emma A., l’avocat avoue que qu’elles « se connaissent » mais indique que « cela ne fait que quelques mois. »

De leur côté, contactés par LeMuslimPost, les avocats de Tariq Ramadan font part de leur étonnement et jugent le procédé « inadmissible. » Le 7 septembre dernier, alors que l’article de Ian Hamel évoquait une « mise en prévention », l’équivalent suisse d’une mise en examen, Mes Guerric Canonica et Pierre de Preux demandaient au premier procureur si Tariq Ramadan serait ou non mis en prévention et, si oui, à quelle date. Ils demandaient alors à être informés « promptement » de la situation pour « réagir avec la fermeté qui s’impose. » Dix jours après l’envoi de ce courrier, les avocats ont appris l’ouverture d’une instruction par… la presse. « Nous sommes excessivement surpris d’apprendre l’ouverture d’une instruction par la presse et non par le Ministère public directement. Cela est d’autant plus étonnant que nous avons demandé, suite à un article du Point, des explications au Ministère public que nous n’avons pas obtenues. Le Parquet se devait de nous informer préalablement. Nous entendons veiller scrupuleusement, par tous les moyens de droit utiles, à ce que les droits de M. Ramadan soient respectés, notamment la présomption d’innocence », expliquent les avocats.