Accusé d’avoir fait licencier un dirigeant du club de basket de Pau à cause de sa pratique de l’islam, François Bayrou nie, avant d’avouer être « radicalement opposé à ce qu’on mélange religion et sport ».
Plus connu pour sa mollesse que pour ses prises de position franches et claires, François Bayrou s’est trouvé, ces dernières années, un cheval de bataille : l’islam. En 2017, au moment de rallier Emmanuel Macron, dans un entretien à Marianne, Bayrou affirmait qu’« il y a une peur de l’islam comme religion totalisante ». Il indiquait par ailleurs que « l’islam ne fait pas la différence entre la loi religieuse et la loi civile », même s’il nuançait en rappelant que « l’immense majorité des musulmans de France fait parfaitement la différence ! ».
Pinero, « un soldat d’Allah »
Récemment, l’oublié de la politique — il reste maire de Pau et Haut-Commissaire au Plan (!) — a refait parler de lui. L’ancien candidat à la présentielle aurait en effet contribué à évincer le directeur du club de basket de Pau, en raison de sa foi musulmane. Taqwa Pinero avait, juste avant d’être viré, écrit sur Twitter un message spirituel, souhaitant un bon Aïd à ses condisciples.
Ce qui n’aurait pas plu, ni à François Bayrou, ni à Stéphane Carella, qui se définit comme un partenaire et un investisseur de l’Élan pallois. « Comment ce monsieur peut se définir comme le ‘pur produit d’Allah’ alors que l’Elan est un club catholique à l’origine ? », a-t-il écrit au club, menaçant de retirer ses investissements si Pinero conservait son poste au sein du club.
Taqwa Pinero indique que le représentant de l’actionnaire du club a, en mai, confirmé « qu’un sponsor du club avait trouvé des tweets que j’aurais publiés mentionnant mon appartenance religieuse à l’islam, comme quoi je serais ‘un soldat d’Allah’. Cela était soi-disant problématique pour un club ‘historiquement catholique’ ».
Islamophobie sous couvert de laïcité : un classique du genre !
François Bayrou a-t-il participé à cette action clairement islamophobe ? Le maire de Pau infirme mais explique à Libé avoir tout de même été en faveur d’un départ de Pinero car ce dernier « ne parle pas un mot de français, ce qui, pour une région comme la nôtre, joue un petit rôle quand même ». Ouf, ce ne serait donc pas de l’islamophobie mais simplement parce que l’ex-basketteur est étranger.
Mais chassez le naturel, il revient au galop : lorsqu’il poursuit sa défense, Bayrou avoue que ce qui peut gêner, c’est que l’ex-sportif ait « fait des tweets pour expliquer que son succès sera celui d’Allah ». Et François Bayrou d’affirmer, sans honte, que cela serait contraire à la laïcité. « Je suis radicalement opposé à ce qu’on mélange religion et sport, comme je suis radicalement opposé à ce qu’on mélange religion et culture, religion et politique, et religion et État ».