Ce jeudi, les membres du Forif ont fait le bilan de leur première année d’existence. Le Forum de l’islam de France a reçu les honneurs d’Emmanuel Macron.
Voilà un an qu’il a été créé. Le Forum de l’islam de France (Forif), qui est présenté comme une « instance de dialogue avec l’État sur la structuration du culte musulman », n’est pas forcément né sous la bonne étoile : créé à l’initiative du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le Forif a avant tout est un instrument du pouvoir pour mettre fin au Conseil français du culte musulman (CFCM), que l’État n’arrivait plus à contrôler.
Et comme pour mieux avoir le Forif à sa botte, le gouvernement a mis toutes les chances de son côté : ses membres — une soixantaine- sont des associations culturelles, des associations cultuelles, des cadres religieux ou encore des juristes, en majorité désignés par les préfets. Et le Forum travaille en direct avec le Bureau des cultes du ministère de l’Intérieur.
Parmi les dossiers sur lesquels le Forif a travaillé, on en compte quatre : le statut des imams, la sécurité des mosquées et la gestion des actes antimusulmans, la mise en œuvre de la loi séparatisme et la désignation des aumôniers dans les prisons, les hôpitaux et à l’armée.
Ce jeudi matin, les membres du Forif ont été invités à l’Élysée pour faire un premier bilan de leurs travaux. Une courte session de travail, selon Libé, qui indique que la réunion n’a été prévue que pendant deux heures. Mais le symbole est là : en recevant le Forif, Emmanuel Macron veut marquer le coup et montrer que cette institution sera désormais l’interlocutrice principale des autorités.
Manque de représentativité
Un message envoyé au CFCM. Car s’il a subi les assauts du gouvernement, le Conseil français du culte musulman n’est pas encore mort. L’instance créés à l’initiative de Nicolas Sakozy se réunira elle aussi dans quelques jours pour une assemblée générale extraordinaire. Le CFCM se verrait bien, encore un peu, compter et travailler en parallèle du Forif. « Le Forif est un organe de réflexion mais pas de représentation. Dans un pays démocratique comme la France, ce sont des élections qui fondent la représentativité », résumé à Libération Kamel Kabtane.
Une phrase lourde de sous-entendus : l’on reprochait au CFCM son manque de représentativité. Le Forif l’est encore moins, sauf à considérer que les préfets sont plus représentatifs que les fédérations musulmanes de France. Le Forif restera donc, s’il reste sous sa forme actuelle, un nouvel instrument du pouvoir. Dont le rôle sera d’ailleurs de mieux faire passer la loi séparatisme.
De quoi rappeler un autre instrument de l’État : la Fondation de l’islam de France. Comme le rappelle le quotidien français, le président Macron a promis 10 millions d’euros pour financer les actions de la FIF. Or, cette dernière est au point mort. Critiquée pour son manque d’action, la FIF pourrait bientôt disparaître. De quoi deviner ce qu’il adviendra du Forif ?