Une élue RN a fait bloquer un projet de construction de mosquée à Abbeville. Sous couvert de vouloir préserver le paysage, l’élue locale déplore l’« islam rigoriste » d’une paisible association de quartier.
Tout est parti dans les rangs du parti d’extrême droite Le parti de la France. En décembre 2019, cette formation politique publiait une vidéo pour dénoncer le projet de construction d’une mosquée par l’association Ici la paix à Abbeville, dans la Somme. L’élue du Rassemblement national Patricia Chagnon avait alors prévenu que, avec cette nouvelle mosquée, c’était « l’arrivée à Abbeville d’un islam rigoriste ».
Pourtant, l’association avait obtenu un mois plus tôt le fameux sésame pour débuter son projet : un permis de construire pour un lieu de culte qui serait situé du côté de l’impasse Chemin des Postes à Abbeville.
Les opposants au projet ont donc déposé une requête auprès du tribunal administratif d’Amiens. Le 20 septembre dernier, toutes les parties étaient entendues, dont la membre du RN qui entend « contester le permis de construire ».
Et pour masquer ses réelles intentions, l’élue a simplement estimé que la mosquée allait provoquer « une problématique de stationnement » puisque, selon elle, « ce lieu est prévu pour accueillir 299 personnes. Où vont-ils se garer ? En sachant qu’il y a peu de places à proximité du lieu situé entre deux écoles ». La membre du RN évoque également « un problème d’ordre paysager » car il s’agira « d’un bâtiment de deux étages sur 8 mètres de haut dans un quartier résidentiel où il n’y a que des maisons de plain-pied ».
Après avoir fustigé les musulmans, l’élue RN l’assure : « Je ne suis pas islamophobe. Je suis pour la liberté de culte mais ce site n’a pas sa place chemin des Postes. Je suis contre le surdimensionnement de ce projet dans le quartier », allant jusqu’à dire : « Je suis pour la mixité. Il ne faut donc pas isoler une population avec un tel équipement. »
Mais l’élue RN fulmine aussi à cause du « port du voile pour les fillettes que l’on peut voir sur leur vidéo », ajoutant qu’il « faut qu’il y soit prêché un islam modéré ». Enfin, Chagnon demande « une transparence totale » concernant le financement de la mosquée, alors que ce sont les fidèles qui y participeront, à hauteur de 500 000 euros. L’association est cependant loin du compte.
En attendant la décision du tribunal, les fidèles sont cantonnés dans un petit local. Bien loin des locaux qu’ils attendent, qui comprendront également « des salles pour l’apprentissage de l’arabe et du Coran, un espace de rencontres et d’échanges, ainsi qu’une bibliothèque ».